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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/246

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SUZANNE NORMIS.

— Tu sais bien, lui dis-je, que je n’ai d’autres désirs que les tiens ; je vois que Florence t’ennuie, que veux-tu ? Quel pays te tente ? Fût-ce le Niagara, nous irons, malgré mon horreur pour les voyages sur mer, ajoutai-je en riant, afin de tempérer ce que mon adjuration pouvait avoir de trop grave.

— Le Niagara, murmura-t-elle en souriant. Pourquoi pas ? Mais c’est bien loin !

— Nous avons la Grèce, l’Asie Mineure… veux-tu aller au Caire ? Mais il va faire bien chaud… Veux-tu que nous allions à l’ile de Wight ? Précisément le docteur, dans sa dernière lettre, te conseillait l’air de la mer… Veux-tu Jersey, Guernesey ?

— Les iles anglaises… répondit Suzanne de la voix lente et endormie de ses jours de découragement ; non… pas les îles anglaises… mais un pays où les prairies sont entourées de grands arbres, où les chemins ont l’air de vous connaître, où l’on ne voit plus ces éternels cyprès, ces éternels peupliers qui me rendent malade… un pays où l’on parle la chère langue maternelle… Oh ! père, la France ! la patrie !…

Elle me tendait ses mains suppliantes, et ses yeux débordèrent de larmes longtemps retenues.