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ROMAN D’UN PÈRE.

perfections, et de le chasser ensuite honteusement du paradis qu’il s’était fermé lui-même.

Cependant, je ne pouvais lui en vouloir beaucoup, car il nous laissait bien tranquilles ; ma belle-mère me parlait rarement de lui, et jamais pour lui donner des louanges, il est superflu de le dire. Mon notaire m’écrivait qu’il touchait régulièrement les vingt-cinq mille francs de rente de Suzanne. Quant à celle-ci, il ne s’en préoccupait plus, et semblait avoir oublié son existence. Par quel prodige avait-il trouvé un radeau pour surnager dans son océan de dettes ? Je ne ai jamais su, et, du reste, je n’ai jamais cherché à le savoir.

Nous étions depuis deux ans à Florence ; il y faisait bien un peu chaud l’été, mais notre villa, moitié ville et moitié campagne, avait de grandes salles fraîches, presque humides, et dans le parc une grotte, — tout à fait humide, celle-là, — où nous bravions les rayons du soleil. Suzanne me paraissait supporter le printemps moins bien que de coutume, et je lui avais déjà proposé deux ou trois fois de voyager pour changer d’air ; mais je n’avais jamais obtenu que des réponses vagues. Un soir qu’elle me paraissait plus alanguie, je lui demandai sérieusement ce qu’elle éprouvait :