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ROMAN D’UN PÈRE.

— Monsieur Normis ! mademoiselle Suzanne ! vous n’êtes donc pas morts ?

C’était Maurice Vernex.

Je ne saurais rendre le soulagement que j’éprouvai à reconnaître le brave garçon dans ce visiteur malencontreux ; le bien-être fut si grand que je serrai à deux reprises sa main tendue vers moi.

Suzanne, toute rose de surprise et d’émotion, regardait sans pouvoir en détacher ses yeux le jeune homme dont la présence venait de nous rejeter soudain en pleine civilisation. Après les premiers mots :

— C’est que je suis fatigué, moi, dit Maurice. Permettez-moi de m’asseoir, je viens de faire deux lieues à pied ; ces conducteurs de diligence ont une manière délicieuse de vous apitoyer sur le sort de leurs pauvres chevaux. Pour leur alléger la charge, on se laisse bêtement induire à marcher derrière la voiture pendant les trois quarts de la route ; ils empochent votre argent, et le tour est joué.

Il se laissa tomber sur le gazon, nous nous assîmes aussi, et le silence se fit. Maurice n’avait plus rien à dire pour soutenir conversation, et la situation était si embarrassante que je ne