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ROMAN D’UN PÈRE.

par discrétion. Eh bien, voici le fond de ma pensée : si nous acceptions ce sacrifice, nous en serions bien peu dignes ; par conséquent, si vous partez, nous partons aussi, et nous irons chercher ailleurs un nid que nous n’ayons pas usurpé.

— C’est votre dernier mot ? fit Maurice avec une sorte de joie.

— Assurément.

— Alors, restons tous ! s’écria-t-il avec un contentement visible.

Il fit venir le jour même quelques colis restés à la ville voisine, et une bonhomie qui nous fit grand bien à tous présida désormais à nos relations. Maurice était bon tireur, il avait apporté d’excellentes armes. Nous prîmes un rocher pour cible, et la falaise retentît journellement de nos exploits. Suzanne, de sa fenêtre, jugeait les coups et agitait son mouchoir quand l’un de nous mettait dans le blanc, que nous avions fait avec du cirage.

Je devais à Maurice quelques explications ; nos soirées d’autrefois avaient amené entre nous une entente bien plus intime que celle qui existe d’ordinaire entre gens du même monde, satisfaits de tuer le temps ensemble. Il était dès lors au