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SUZANNE NORMIS.

qu’elle ne s’appropriait qu’imparfaitement, lorsque mon domestique entra d’un air plus effaré que de coutume ; il devait être véritablement ému, car il oublia de me parler à la troisième personne :

— Monsieur, dit-il avec précipitation, il y a là une dame qui vous demande.

— Eh bien, fis-je sans me déranger, ce n’est pas la première fois que cela arrive ; pourquoi cet air inquiet ?

— C’est que, monsieur… elle a des malles sur l’omnibus.

— Quel omnibus ?

— L’omnibus du chemin de fer, monsieur !

Je crus que Pierre avait des hallucinations ; son visage bouleversé me fortifiait dans cette idée, quand j’eus une lueur d’en haut. Je me dirigeai vers la fenêtre, et, écartant le rideau, je vis en effet un omnibus de chemin de fer, orné de deux ou trois malles, arrêté devant la porte. Je revins à Pierre, et probablement j’avais l’air aussi effaré que lui, car c’est lui qui eut pitié de moi :

— Monsieur, dit-il, si l’on attendait avant de payer l’omnibus ? Elle s’est peut-être trompée, cette dame ; elle n’a pas voulu dire son nom ;