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ROMAN D’UN PÈRE.

ment, votre Pierre a été roussi par le flambeau de l’hymen.

J’étais décidé à jouer cartes sur table.

— Vous n’aurez pas ma fille, lui dis-je. Combien voulez-vous pour me la laisser ?

— J’ai déjà eu l’honneur de décliner une proposition semblable, dit Lincy ; je ne suis pas venu si loin pour m’en retourner bredouille. C’est ma femme que je veux, et je me suis arrangé pour la ramener au domicile conjugal. — J’aimerais mieux que ce fut de son plein gré, ajouta-t-il avec un sourire faux sur sa face blême.

Il avait beaucoup vielli ; ses traits détendus, lui donnaient dix ans de plus que son âge. Malgré mes cheveux blancs, je paraissais, j’en suis sûr, plus jeune que lui.

— Moi vivant, lui dis-je, vous ne l’aurez pas !

Nous étions arrivés près du parapet si laborieusement construit par Maurice, je m’arrêtai, M. de Lincy se mit à faire des trous dans le gazon avec sa canne.

— Ce sont des phrases, tout cela, cher monsieur, dit-il avec son ancienne insolence ; je ne vous tuerai pas, et vous ne me tuerez pas.