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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/34

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SUZANNE NORMIS.

La douleur de ma cousine était sincère, et je faillis m’y laisser prendre, mais la raison, cette conseillère à tête reposée, me souffla que si je permettais à Lisbeth de passer une nuit sous mon toit, je ne pourrais plus jamais me débarrasser d’elle.

— Nous allons d’abord vous offrir à déjeuner, cousine, lui dis-je, et je sonnai.

Pendant qu’on préparait quelques réconfortants, Suzanne, qui s’était fait descendre de sa chaise, avait considéré notre visiteuse, à distance d’abord, et puis de plus près ; le bon regard l’attirait, le mouchoir à carreaux la repoussait, mais le sac fut tout-puissant, et elle finit par s’en approcher, le regarder avec soin, mettre sa menotte dedans, et en retirer parmi divers objets, étonnés de se voir réunis au grand jour, une paire de lunettes dans son étui. Ces lunettes firent sa joie, et, pour obtenir le bonheur de les toucher, elle se décida à se laisser embrasser par Lisbeth, qui la mangea de caresses sincères, j’eus tout lieu de le croire.

Quand la cousine eut fini de déjeuner, je regardai ma montre.

— Voulez-vous voir Paris ? lui dis-je.

— Ah ! Seigneur Dieu, non ! s’écria-t-elle.