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SUZANNE NORMIS.

qu’elle étreignit dans ses deux bras, et son pauvre cœur se fendit en lourds sanglots. Je l’enlevai du lit dans sa longue robe de nuit, elle avait l’air d’un ange.

Elle se pencha sur mon épaule et pleura, mais avec moins d’amertume.

— Est tu fâchée d’avoir fait de la peine à ton père ? lui dis-je.

Je brûlais de l’embrasser, mais je n’osais encore, craignant, par un pardon trop vite accordé, de perdre le fruit de son repentir.

— Oh ! oui, répondit-elle, bien fâchée ! Depuis que je t’ai fait de la peine, je n’ose plus t’embrasser.

Je la serrai dans mes bras pour tout de bon cette fois, et je l’emportai sur le lit, à la place où sa mère était morte.

— Demande pardon à papa et à maman qui est au ciel, et à qui tu as aussi fait de la peine.

L’enfant joignit nos deux noms dans son humble prière, et je sentis que ma femme était auprès de moi.