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ROMAN D’UN PÈRE.

— Cette petite ne sera jamais de force à tenir sa place dans un salon, si vous ne lui laissez pas voir un peu les autres ! Puisque vous ne voulez pas la mettre en pension, laissez-moi au moins la conduire à un cours de n’importe quoi, me dit un jour madame Gauthier.

— Vous avez mille fois raison, chère mère, répondis-je aussitôt. Dès demain, je conduirai Suzanne à un cours d’histoire.

— Vous-même ?

— Sans doute. Qu’y a-t-il là d’extraordinaire ?

— Vous ferez une drôle de figure au milieu des ouvrages d’aiguille de ces dames, je vous en préviens, mon gendre. Enfin, c’est vous qui l’aurez voulu. Pourquoi ne voulez-vous pas me confier Suzanne ? Avez-vous peur que je ne l’induise en tentation ?

— Précisément, chère mère, en tentation de ces charmantes mondanités sans lesquelles nous sommes si heureux.

Madame Gauthier haussa les épaules et me tourna le dos. Je crois même qu’entre ses dents elle m’appela Iroquois. Mais j’étais sourd à de telles appréciations.

Suzanne ne témoigna pas un empressement