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SUZANNE NORMIS.

côté, les garçons de l’autre chantaient, — assez faux, je dois l’avouer, — les cantiques d’usage, ma belle-mère et moi nous nous trouvions côte à côte sur des bancs de bois peu commodes, mais tout à fait évangéliques par leur nudité. J’admirais en moi-même cette simplicité, digne des premiers âges de l’Église, et propre à écarter les idées mondaines, quand un sacristain vint s’excuser de cette installation provisoire, et nous prévenir que la semaine suivante nous aurions des chaises.

Je regrettai les bancs de bois, mais pour le principe seulement.

Le catéchiste monta en chaire et récita une instruction, fort bien faite du reste. Dès les premiers mots, ma belle-mère, comme toutes les dames qui nous entouraient, avait ouvert son portefeuille, arboré du papier blanc, et s’était mise à écrire fiévreusement. Malgré les pauses habilement ménagées de l’orateur, ces dames prenaient une peine énorme. On n’entendait que le froissement des feuilles de papier vivement retournées, les coups secs des crayons et le bruissement des soieries chiffonnées dans le mouvement rapide des manches sur le vélin.

J’observais ce spectacle avec le désintéresse-