Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/101

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famille d’Héli à Nob. Le laisser absolument à l’écart, c’était provoquer la discorde. David se décida donc à le reconnaître également comme grand prêtre, de sorte que les deux hommes fonctionnèrent au même titre : Abiathar à Jérusalem, et Sadoc à Gabaon[9]. Il était naturel que David, disciple des chœurs de Lévites, lui-même poète et musicien, désirât introduire, à l’exemple de Samuel, des psaumes avec chœurs dans les offices solennels. Lui-même composait des cantiques de circonstance, lorsque son cœur, à la suite d’une victoire ou de quelque autre événement heureux, s’exaltait dans un transport de reconnaissance envers Dieu et d’enthousiasme poétique. C’est lui, sans doute, qui a créé cette forme de poésie intime et pieuse. A côté du psalmiste couronné, on nomme encore d’autres poètes et musiciens, ses contemporains : Asaph, Héman, petit-fils de Samuel, et Yedouthoun. C’est d’eux qu’étaient issus les fils d’Asaph et les fils de Coré, qui ont acquis, à côté de David, un grand nom dans la littérature lyrique. Le culte spirituel, inauguré par Samuel, reçut de David une assiette solide et durable ; et, bien que lui aussi rendit hommage au culte cérémoniel, il conféra une importance égale au chant des psaumes, qui saisit et élève l’âme. En un temps où, chez les autres peuples de la terre, la poésie tenait à peine de naître, elle constituait déjà, en Israël, un élément essentiel de l’adoration divine.

Si David, au point de vue religieux, a été le fondateur d’un culte épuré, il a aussi, au point de vue moral, créé un État ayant la justice pour base. Il rendait la justice en personne, écoutait, sans se lasser, les débats des particuliers ou des familles, et rendait ses arrêts avec une stricte impartialité. Son trône n’était pas seulement le siège auguste de l’autorité et de la force, c’était aussi celui de la justice et de l’équité. David est resté, pour la postérité, le roi modèle, dont le trône a été le soutien du droit et le régulateur de la paix sociale. Par lui, Jérusalem devint la ville idéale où la saine piété et l’austère justice avaient trouvé leur centre.

Grâce à tous ces mérites, — l’affranchissement de la domination philistine, la sécurité reconquise, le règne de la justice, — David redevint ce qu’il avait été jadis, l’idole du peuple. L’affection et la fidélité lui arrivèrent d’elles-mêmes, sans contrainte.