Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/102

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David modifia, à certains égards, l’économie intérieure du pays. La constitution des tribus, à la vérité, demeura intacte. Les Anciens gouvernaient les familles, et le chef de la plus ancienne famille était en même temps prince de la tribu entière. C’étaient ces princes qui représentaient les tribus auprès du roi. Mais l’indépendance ou plutôt le bon plaisir des tribus, en matière militaire, fut soumis à des restrictions. Chaque tribu devait, en cas de guerre, fournir un contingent d’hommes valides, âgés de vingt ans au moins. Cette levée était confiée à un fonctionnaire spécial, dit le compteur ou dresseur de listes, qui inscrivait sur un rouleau tous les sujets valides, veillait à ce qu’ils rejoignissent leur corps et y contraignait les retardataires. L’armée, réunie, était commandée par un général en chef, charge confiée à Joab. David avait, en outre, un corps de troupes stipendiées, composées de païens amoureux de la guerre : les Krêlhi, originaires d’une province des Philistins, et les Plêlhi, dont l’origine est inconnue. Ils avaient pour capitaine Benaïahou, fils de Joïada, un des vaillants de David. Il institua aussi, dans le principe, un fonctionnaire spécial, le mazkir, qui avait mission de noter tous les faits importants ou supposés tels, les services rendus au roi ou les délits commis à son égard. Le favoritisme étant inséparable de la royauté. David avait naturellement son favori, à qui il pouvait se fier en toutes choses, notamment dans les choses qui ne se disent pas au premier venu. Il avait aussi le bonheur d’avoir près de lui un conseiller, habile à le tirer d’affaire dans les conjonctures difficiles, Achitophel, de la ville de Ghilo. Sa parole passait pour un oracle, aussi sûr que celui de la Divinité dans la bouche du grand prêtre. Ce conseiller habile, trop habile, devait plus tard intervenir d’une manière fâcheuse dans la vie de David. La conscience de David, en tant que juge, fut mise un jour à une pénible épreuve. Une famine persistante désolait le pays, où il n’avait pas plu deux années consécutives. La pluie ayant encore manqué au printemps de la troisième année, la détresse arriva à son comble, et le peuple implora le roi pour obtenir assistance. On voyait, dans cette effroyable calamité, un châtiment envoyé de Dieu pour quelque crime caché et demeuré impuni. David consulta à ce sujet le grand prêtre Abiathar, et