Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/108

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humble et modeste après le succès, sans ombre de vanité ni d’orgueil. Il n’éleva point de monument pour célébrer ses triomphes, comme avait fait Saül ; loin de là, il était persuadé, de même que son illustre général Joab, que Dieu seul lui avait donné la victoire. Cette confiance en Dieu qu’on met dans la bouche de David allant combattre le géant Goliath : Dieu est l’arbitre de la guerre, et il peut donner la victoire sans lance ni épée, il la manifesta dans toutes ses héroïques épreuves. David exprime cette pensée fondamentale dans un psaume (le XVIIIe) chanté probablement devant l’arche après cette période de guerres, et où il jette un regard rétrospectif sur tout son passé.

Deux pensées connexes, nées de ces grandes victoires, sont entrées si profondément dans la conscience du peuple, qu’elles ont eu une action décisive sur tout son avenir. La première, entre autres formes variées, s’exprime ainsi :

Le salut du roi ne repose pas sur une grande armée,
Ni celui du héros sur sa force personnelle;
Vaine ressource que le coursier pour donner la victoire!

Dieu seul dirige la guerre et l’achève, décide la victoire ou la défaite, et son assistance ne dépend pas du nombre des bataillons. — La seconde pensée, étroitement liée à la précédente, c’est la conviction que Dieu, lorsque Israël s’arme pour sa cause, fait toujours triompher ses légions, pour la gloire de son propre nom ou pour le salut de son peuple. C’est en conséquence de cette pensée que le Dieu d’Israël a été désigné d’un nom particulier et tout à fait caractéristique ; on l’a appelé le Dieu des armées (Yhwh Tsebaoth), celui qui les fait triompher dans les combats. Depuis, au début de toute guerre, on invoqua le Roi Tsebaoth, et les légions d’Israël marchèrent au combat avec la pleine assurance qu’elles ne pouvaient succomber. Dans la suite des temps, cette même assurance a enfanté des prodiges.

Autant David traitait avec rigueur les divinités des peuples vaincus, parce qu’il voyait en elles une source de corruption, autant il se montrait, après la victoire, clément à leurs adorateurs.