Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/109

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Les Moabites seuls furent par lui durement châtiés et les Ammonites astreints au servage, tandis qu’aux autres peuples subjugués il imposait un simple tribut ; on peut en conclure que les premiers étaient particulièrement coupables. Les peuplades étrangères établies dans le pays ne furent pas inquiétées : tels les Jébuséens à Jérusalem, tels les Cananéens et les Héthéen dans d’autres provinces. Aussi, maints étrangers ou indigènes, d’origine non israélite, venaient grossir le nombre de ses vaillants ou lui amenaient des troupes. Le Héthéen Urie, l’un des trente héros de David, et qui devait être mêlé un jour à la destinée de ce roi, éprouvait un attachement profond pour la nationalité israélite.

Cependant, la joie causée par cette brillante situation ne resta pas longtemps sans nuage. Le bonheur des États, comme celui des individus, est rarement durable ; il faut qu’aux jours de soleil succèdent des jours sombres, pour que les facultés humaines ne s’engourdissent pas. Un seul faux pas de David lui coûta non seulement la paix et la sérénité de l’âme, mais compromit jusqu’aux fondements de l’État, édifiés par lui avec tant d’efforts. A son retour de l’expédition contre les Araméens, comme il se reposait des fatigues de la guerre, pendant que Joab, avec ses troupes et la phalange des héros, recommençait la campagne interrompue contre les Ammonites, David, de la terrasse élevée de son palais, où il gouttait la fraîcheur du soir, aperçut une belle femme qui se baignait. C’était la femme d’un de ses plus fidèles guerriers, du Héthéen Urie. Les maisons de ses braves étaient bâties sur le Sion, à proximité de son palais, et c’est ainsi que son regard rencontra la séduisante Bethsabée. Saisi, à cette vue, d’une passion violente qu’il ne sut pas maîtriser, il lui manda de venir le trouver. Elle obéit, et crut peut-être ne pouvoir rien refuser à son roi. Quelque temps après, informé par Bethsabée des conséquences de cet adultère, David songea à sauvegarder son honneur et n’aboutit ainsi qu’à aggraver son tort. Il fit venir Urie du camp de Rabba à Jérusalem, lui fit l’accueil le plus amical et lui permit de rentrer chez lui, d’y goûter le repos et les douceurs de la vie conjugale. Mais Urie, au lieu d’user de la permission, préféra passer la nuit à l’entrée du palais, avec les satellites attachés à la personne