Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/126

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David était rentré dans sa capitale purifié de son passé. Il avait expié ses fautes par une double souffrance. Il avait déshonoré la femme d’un de ses plus dévoués serviteurs, son propre fils déshonora les siennes. Il avait fait répandre le sang d’Urie, des flots de sang coulèrent dans sa propre maison et faillirent l’engloutir lui-même. Il venait d’éprouver cruellement combien peu un roi, même débonnaire, peut compter sur l’attachement de son peuple. Les vastes plans de guerre qu’il avait conçus avaient échoué. Maintenant qu’il commençait à vieillir, il consacra toute l’activité de ses dernières années aux affaires intérieures de son royaume. Il voulut réaliser, avant de mourir, une pensée qui, depuis longtemps peut-être, hantait son esprit, celle d’élever un temple magnifique à Dieu, à ce Dieu qui l’avait délivré de tant de périls.

Avant de procéder à l’exécution de son dessein, il en fit part au prophète Nathan : le prophète, à cette époque, primait le pontife. J’habite un palais de cèdre, et l’arche du Seigneur est toujours confinée dans une simple tente ! Je veux la loger dans un temple de bois de cèdre. Nathan approuva ce projet . Mets à exécution ce que ton cœur a conçu, car Dieu est avec toi. Cependant, le lendemain il alla le voir pour lui déclarer de la part de Dieu que, ayant répandu beaucoup de sang, il n’avait pas qualité pour bâtir un temple, mais que cette mission était réservée à son fils. En même temps, le prophète annonça à David que la stabilité était assurée à son trône, et qu’une longue suite de rois, ses descendants, régneraient sur le peuple de Dieu, pourvu qu’ils restassent fidèles à la volonté divine. Malgré le désir ardent qu’avait conçu David de construire un beau temple à Jérusalem, il se soumit humblement à l’oracle divin transmis par Nathan, et renonça à son dessein. Dans une fervente prière, prononcée devant l’arche sainte, il exprima à Dieu sa reconnaissance pour la grâce qu’il lui avait faite de l’élever de la poussière jusqu’à la dignité royale ; ce qui lui inspirait surtout une gratitude profonde, c’était la promesse d’une longue, bien longue durée pour son trône et sa dynastie. David traduisit ces sentiments dans un psaume[14] qui n’atteint pas toutefois la sublimité de ses psaumes antérieurs, et qui était peut-être le chant du cygne.