Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/127

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Si David ne mit pas la main à la construction du temple, il ne laissa pas de la préparer. Du butin qu’il avait fait sur les peuples vaincus, il destina une partie au sanctuaire. Il a également, sans aucun doute, réglé l’ordonnance du culte, et cela dans l’esprit de Samuel, en attribuant dans le temple futur, à côté des sacrifices, un rôle important aux chœurs de Lévites, à la musique et au chant des psaumes. Nombre d’instruments de musique, introduits plus tard dans l’office divin, passèrent pour avoir été inventés par lui.

Cependant David, qui n’avait pas encore atteint sa soixante-dixième année, sentait décliner ses forces. Les fatigues de sa jeunesse et de la guerre, les cuisantes douleurs de son foyer, la turpitude d’Amnon, la révolte d’Absalon, l’avaient fait vieillir de bonne heure. Malgré la chaude température de Jérusalem, le froid envahissait son corps, et les couvertures dont on l’enveloppait ne pouvaient suppléer à l’absence de la chaleur naturelle. Cet affaiblissement physique de David fut mis à profit par son quatrième fils, Adonias, désireux de s’assurer la succession paternelle. Par la mort d’Amnon et d’Absalon, il était devenu le plus proche héritier du trône ; mais il craignait de voir cet héritage lui échapper s’il attendait jusqu’à la mort de son père ; peut-être d’ailleurs avait-il connaissance de la convention secrète qui désignait comme successeur un de ses plus jeunes frères, le fils de Bethsabée. Adonias ne voulait pas, comme Absalon, se soulever contre son père, mais poser sa succession comme un fait accompli et se faire reconnaître par les dignitaires du royaume. Il tint donc conseil avec ceux des serviteurs de David qui n’admettaient pas les droits de Salomon, et en premier lieu avec Joab, qui le soutint comme il avait soutenu Absalon. Le second confident d’Adonias fut Abiathar, l’un des deux grands prêtres, et que David parait avoir traité avec défaveur. Sadoc, dont la famille avait été jadis, à Gabaon, investie du pontificat par Saül, s’était tourné du côté de David, et celui-ci, pour se l’attacher, parait lui avoir octroyé le premier rang dans le sanctuaire. Abiathar, irrité sans doute de sa subordination, et ne voulant pas la voir maintenue par le successeur de David, embrassa le parti d’Adonias. Les autres fils du roi préféraient également que la succession lui fut assurée.