Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/135

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de Salomon ou son perfide conseiller ? on l’ignore, — succéda à Joab dans le commandement de l’armée. Cette mort réjouit les ennemis du peuple israélite et les enhardit dans la pensée de se soustraire à sa domination. — Quant au pontife Abiathar, qui avait soutenu Adonias, Salomon n’osa attenter à sa vie, il se borna à le dépouiller de sa dignité de grand prêtre. Sadoc en fut, depuis lors, le seul titulaire, et cette dignité se perpétua pendant plus de mille ans dans sa famille, tandis que la postérité d’Abiathar resta à l’arrière-plan. — Enfin, le Benjamite Séméi, qui avait accablé d’outrages David fugitif, mais qui plus tard avait obtenu son pardon et l’oubli du passé, fut exécuté à son tour. C’est seulement alors que la stabilité du trône de Salomon parut assurée. Mais cette sécurité, c’est par un triple meurtre qu’on l’avait achetée.

En même temps, Salomon songeait à entourer sa cour d’un éclat exceptionnel, digne d’un roi dont la parole était respectée depuis la frontière d’Égypte jusqu’à l’Euphrate. Un des éléments de la grandeur royale, à cette époque, c’était un nombreux essaim de femmes. David en avait seize. Qu’était-ce que seize femmes auprès du harem des rois d’Égypte et de Phénicie, sur la cour desquels Salomon prétendait modeler la sienne ? Il s’octroya donc, lui aussi, un harem richement peuplé, non pour satisfaire des passions intempérantes, mais parce qu’ainsi le voulait l’usage. Sa première femme fut Naama, la belle, fille d’un roi ammonite. Il prit femme aussi dans les cours de Moab et d’Aram, épousa même des Cananéennes, et, chose qui flatta particulièrement son orgueil, un roi d’Égypte, Psusennès, lui donna sa fille en mariage. Salomon croyait, d’ailleurs, faire acte d’habile politique par cette alliance, qui ne pouvait que rehausser la puissance de son pays et le lustre de sa maison. Mais ce fut le contraire qui arriva. La fille de Psusennès fut reçue, naturellement, avec les plus grands honneurs dans la capitale israélite ; elle devint la première reine du harem de Salomon. Or, il lui semblait malséant de ne pas offrir à cette reine un palais fastueux. Ce palais de cèdre, bâti par David sur la montagne de Sion, qu’était-ce en comparaison des gigantesques bâtisses des rois d’Égypte ? Salomon s’occupa donc de construire pour la fille de Pharaon un palais digne d’une telle