Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/140

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Tous les chefs des tribus et les anciens des familles y furent conviés, et une multitude nombreuse se joignit à eux, avide d’assister à ce rare spectacle et d’admirer la magnificence de la maison de Dieu. La solennité commença par la translation de l’arche sainte, de la montagne de Sion ou ville de David à la colline de Moria. À cette cérémonie et durant toute la dédicace, on immola des milliers de victimes ; mais on doit aussi avoir chanté des psaumes. Aussitôt que l’arche eut pénétré dans le Saint des saints, un nuage épais enveloppa toute l’enceinte du temple, au point que les prêtres furent empêchés d’accomplir leurs fonctions. On vit dans ce fait un témoignage de la faveur céleste, une preuve que la consécration du temple était agréable à Dieu. Aussi les Hébreux assistèrent-ils à cette scène avec un joyeux enthousiasme, et le roi traduisit leurs impressions dans un langage bref et bien apprécié : Dieu a promis de résider dans un nuage ; moi, Seigneur, je t’ai bâti une demeure durable, une résidence où tu te fixeras à jamais ! Le Moria sembla ainsi une image du Sinaï, où la voix divine s’était fuit entendre du sein d’un épais nuage. Le peuple contempla depuis lors avec une crainte religieuse ce temple, siège visible du Dieu qui remplit le ciel et la terre ; et c’est de là qu’il attendit des enseignements, une direction sûre, pour la voie qu’il avait à suivre. — Un prophète présent à cette solennité (peut-être Achia de Silo) déclara de la part de Dieu au roi Salomon : Si tu marches dans mes voies, si tu obéis à mes lois et à mes préceptes, j’accomplirai la promesse que j’ai faite à David ton père. Je résiderai au milieu des enfants d’Israël et je n’abandonnerai point mon peuple.

C’était alors l’époque de la fête d’automne, dont la joyeuse célébration coïncida avec la fête de la dédicace. Ce fut une profonde et durable impression que celle de ce temple, tout resplendissant d’or et d’airain, simple et sublime en son architecture, sans aucune image de Dieu, mais enveloppé de son invisible majesté. La maison de Dieu donnait un point d’appui à l’imagination vagabonde, qui ne peut se représenter le spirituel sans une forme tangible. On ce plut à appeler le temple l’orgueil et la force d’Israël, le délice de ses yeux.

Avec l’inauguration du nouveau temple commença une organisation