Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/174

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extrémité Achab demanda la paix. Mais, devant les conditions déshonorantes que posait l’envahisseur (celui-ci exigeait jusqu’aux femmes et aux enfants du roi d’Israël), il reprit la lutte, battit son vainqueur dans deux rencontres, et à son tour le réduisit à merci. On négocia, Ben-Hadad promit tout ce qu’on voulut, et les ennemis de la veille devinrent amis ; ils scellèrent leur réconciliation par une alliance jurée solennellement et que l’Araméen comptait bien rompre à la première occasion. Cette imprudence, qui faisait perdre à Achab les fruits de sa victoire, lui valut les censures d’un prophète. Les conséquences ne s’en firent pas attendre.

Ben-Hadad, si heureusement tiré d’affaire, ne tint pas ses engagements. S’il rendit les villes des monts de Nephtali qu’il avait prises, il n’en fut pas de même pour celles du versant opposé, notamment pour Ramot-Galaad, la place d’armes du territoire. Achab eut la faiblesse de n’en pas exiger la restitution immédiate, et plus il tarda ensuite à le faire, plus i! lui fut difficile d’insister, parce que dans l’intervalle son adversaire avait réuni de nouvelles forces. Sur ces entrefaites arriva fort à propos Josaphat, roi de Juda (918-905). Il était assez surprenant de voir les chefs de deux États, généralement aussi ennemis que voisins, se rapprocher au point de se visiter l’un l’autre dans sa capitale. Le phénomène était d’autant plus remarquable que Josaphat, très attentif à la pureté du culte dans son royaume, détestait nécessairement l’idolâtrie d’Achab et de Jézabel : sans être un zélateur de l’ancienne loi, il avait dû s’indigner de l’introduction brutale des rites étrangers et de la persécution dirigée contre les prophètes. Il n’en conserva pas moins d’intimes rapports avec la maison d’Omri et, mû apparemment par des considérations politiques, n’hésita pas à marier son fils Joram à la fille d’Achab, Athalie. Quel était son but en venant à Samarie ? Probablement encore de se fortifier, en resserrant ses liens avec le roi d’Israël. Celui-ci en profita pour lui demander son appui contre Ben-Hadad : Veux-tu, dit-il, marcher avec moi sur Ramot ? Josaphat y consentit, mit ses troupes et ses chevaux à la disposition de son allié : pour la première fois depuis longtemps, les guerriers d’Israël et de Juda refirent cause commune. Les deux confédérés franchirent le Jourdain et s’avancèrent sur Ramot ; mais le combat s’engageait