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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/184

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à Jérusalem. Pourquoi ? Ou s’il y eut des relations, comment ne s’en est-il conservé aucun souvenir ? C’est probablement qu’en dépit de sa ressemblance morale avec Joïada, et nonobstant l’identité de leur but, la fougue naziréenne de son prosélytisme n’était pas très goûtée à Jérusalem.

Dans cette ville, les regards s’attachaient de préférence au sanctuaire et à la loi, depuis que Joïada s’en était fait le vengeur. Le temple, sous Athalie, avait souffert. Non seulement le revêtement de bois de cèdre et d’or avait été enlevé par place, mais encore des pierres de taille avaient été arrachées des murs. Le premier soin de Joas dut être de remédier à ces dégâts ; mais comment faire ? Les ressources manquaient : le trésor autrefois constitué à l’édifice sacré par la munificence des rois et la piété des fidèles avait disparu, ravi sans doute par Athalie et attribué aux autels de Baal. Un édit royal prescrivit donc aux prêtres de recueillir les sommes nécessaires aux travaux : ordre était donné à tout Aaronide de solliciter les dons de ses amis et d’apporter à cette collecte le même zèle qu’à une affaire d’intérêt privé. Cependant, soit que les offrandes eussent été pauvres, soit que les prêtres les eussent appliquées à leurs propres besoins, le temple restait en l’état, lorsque Joïada fut chargé par le roi de faire appel à la piété du peuple même (vers 864) : un tronc fut placé dans le parvis et tout fidèle invité à y verser une somme proportionnée à sa fortune. Alors les dons affluèrent, les matériaux purent être achetés et les ouvriers payés ; le temple, en un mot, fut restauré.

Joïada fit de la dignité de grand prêtre, qui jusqu’alors, même sous les meilleurs rois, n’avait occupé dans l’État qu’un rang secondaire, l’égale de la royauté[4]. S’était-ce pas, en effet, à l’intelligence et au zèle du grand pontife que la royauté devait son