Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/188

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actes de sa vie. Quelle ne dut pas être la grandeur morale d’Élisée pour que le roi exit obéi à ses conseils ! Ce qui ajoutait au prestige du successeur d’Élie, c’est que, même au delà des frontières d’Israël, il avait procuré un triomphe à la loi du Dieu de son peuple ; spontanément et sans intervention aucune du prophète, un haut personnage du royaume de Damas, Naaman, qui occupait le premier rang après le roi, abjura le culte de Baal et d’Astarté pour embrasser la foi israélite, uniquement parce qu’il avait reconnu à l’œuvre d’Élisée qu’Israël. seul adorait un Dieu véritable. Il voulut ériger un autel à ce Dieu dans Damas, et, pour l’élever autant qu’il se pouvait sur terre sainte, il fit venir de la terre du pays d’Israël.

Mais quelque commune tendance qu’eussent les deux royaumes à secouer le joug de l’influence étrangère et à rester fidèles au caractère national, leur opposition intérieure’ était si enracinée déjà, qu’elle ne leur permettait plus de s’unir dans la politique. Les divergences de mœurs et d’idées qui les séparaient se réfléchissaient naturellement dans les pensées de leurs souverains et les prédisposaient non seulement à la désunion, mais encore aux dangereuses inspirations de l’esprit d’aventure. C’est ainsi qu’Amazias, après ses succès sur Édom, put concevoir la folle pensée de conduire son armée victorieuse à la conquête des dix tribus. Pour se créer un prétexte, il fit demander à Joas la main de sa Hile pour son fils : que Joas refusât, et c’était la guerre. Le roi d’Israël, en effet, n’accueillit la proposition que par des sarcasmes : L’épine, répondit-il, fit dire un jour au cèdre du Liban : Donne, je te prie, ta fille en mariage à mon fils. Le cèdre, pour toute réponse, bicha les bêtes fauves de la montagne, et celles-ci foulèrent aux pieds l’outrecuidante. Ta victoire sur Édom te rend présomptueux ; garde ta gloire et demeure chez toi ; pourquoi te jeter dans le malheur ? Tu ne pourrais que te perdre et avec toi perdre Juda. Mais Amazias obstiné se mit en marche, et Joas, non moins confiant dans ses forces depuis ses avantages sur les Araméens, se porta à sa rencontre : une bataille eut lieu à Beth-Schemesch, sur la frontière des dix tribus, et l’armée de Juda essuya une sanglante défaite. Le vainqueur eut la modération rare de ne pas abuser de sa victoire et même de n’en pas épuiser