Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/189

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le profit : maître de détrôner son adversaire captif et d’annexer Juda à Israël, en déclarant éteinte la race de David, il se contenta de faire démolir les remparts du côté nord de Jérusalem, sur une longueur de quatre cents coudées (depuis la porte d’Éphraïm jusqu’à celle des Créneaux) et de frapper une contribution de guerre sur la ville, le palais et le temple. Il rendit son prisonnier à la liberté ; mais, par mesure de précaution, se fit donner des otages, qui répondirent de la non reconstruction des murs. La clémence dont il fit preuve en cette occasion fut certainement due à l’influence d’Élisée et de ses disciples. Après sa mort (830-816), Amazias trôna encore quinze ans, mais sans bonheur.

Le royaume d’Éphraïm, pendant ce temps, parvenait à un degré de puissance et de prospérité tel, qu’on eût pu croire à un retour de l’ère de David. Jéroboam II, arrière-petit-fils de Jéhu, montra plus d’habileté militaire qu’aucun de ses prédécesseurs depuis le schisme ; il eut le bonheur de vivre très longtemps et l’extraordinaire durée de son règne (830-769) lui permit d’entreprendre de nombreuses guerres, que signalèrent un grand nombre de victoires. C’est, ce semble, contre les Araméens qu’il dirigea sa première campagne, encouragé par un prophète du temps, Jonas, fils d’Amitaï : ces ennemis invétérés d’Israël furent battus et les frontières d’Éphraïm, reculées de nouveau, s’étendirent de la route de Hamath au fleuve du nord-est, qui se jette dans la mer Morte. Le territoire de Moab fut également conquis.

Amazias, lui, restait paralysé par son désastre. Le démantèlement partiel de sa capitale lui interdisait toute guerre, et il dut s’estimer heureux d’être épargné par ses ennemis. D’un autre côté, une profonde irritation régnait contre lui: son peuple, et surtout les grands, lui reprochaient amèrement son orgueil, sa soif immodérée de conquêtes, qui avaient perdu le pays, mis Jérusalem à la merci de toute agression et condamné les fils des premières familles à vivre en otages à l’étranger. De ce mécontentement naquit un complot ; un combat sanglant eut lieu dans les rues de Jérusalem, le peuple prit parti pour les conspirateurs ou demeura neutre ; bref, Amazias, abandonné de tous, chercha son salut dans la fuite. Mais, poursuivi jusqu’à Lachis, à quinze lieues au nord-est de Jérusalem, il fut pris et tué. C’était le troisième roi de la race de