Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/191

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Qui relèvera Jacob de l’excès de son avilissement ? — Jacob se releva cependant, et si bien, qu’il se fit craindre de ses voisins. Pour le moment, ce qu’avant tout il fallait, c’était de mettre un terme aux dissensions intestines : le peuple le comprit, et, se soulevant tout entier contre les familles nobles, pour la seconde fois régicides, acclama le jeune Osias, alors âgé de seize ans. De même que son contemporain Jéroboam II, le nouveau roi de Juda jouit d’un long règne (805-755). Son premier soin fut de ramener à Jérusalem le corps de son père, inhumé à Lachis, et de le faire ensevelir dans le tombeau de la race royale. L’histoire ne dit pas s’il punit les meurtriers. Doué d’un caractère énergique et alliant la résolution à la prudence, il s’attacha ensuite à guérir les blessures de son pays, tâche pénible, car il avait à lutter non seulement contre les ennemis du dedans et du dehors, mais encore contre la défaveur des circonstances. Comme si le ciel même eût conspiré contre Juda, on vit fondre sur ce malheureux peuple une suite d’infortunes faites pour terrasser les plus mâles courages et les livrer sans force à tous les caprices du hasard.

D’abord il y eut un tremblement de terre, qui terrifia les populations palestiniennes, peu habituées à ces commotions. Les maisons croulèrent ; maintes villes, en un clin d’œil, ne furent plus qu’un amas de ruines. Les habitants éperdus s’enfuirent, poussant des clameurs de détresse et croyant voir à tout instant le sol mouvant s’entrouvrir sous leurs pas. Le soleil s’obscurcit, voilé soudain par d’épaisses vapeurs, qui enveloppèrent de ténèbres toute la nature et que déchiraient de temps à autre les éclairs. La lune et les étoiles semblèrent éteintes. La mer, bouillonnante et mugissante, se soulevait du fond de son lit et faisait retentir au loin le fracas de ses vagues. L’épouvante fut d’autant plus profonde qu’un prophète d’Israël avait annoncé le cataclysme deux années auparavant : Voici, s’était écrié Amos au nom de Dieu, je ferai gronder le sol sous vos pieds comme gronde le chariot chargé de gerbes. Et la fuite manquera au coureur rapide, le vaillant ne pourra s’échapper, l’arbalétrier ne résistera pas, le cavalier ne retrouvera pas sa voie et le plus hardi parmi les vaillants s’enfuira ce jour-là. L’angoisse s’empara des cœurs : on crut le monde près de finir.