Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/190

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David qui tombait sous le fer, le second qu’une conjuration renversait.

Des jours encore plus malheureux suivirent sa mort ; les princes, qui s’étaient emparés du pouvoir, ne voulurent plus s’en dessaisir ; l’unique héritier du trône, Azarias (par abréviation Osias), n’avait que quatre à cinq ans, et, de tous côtés, le royaume était entouré d’ennemis. Les Iduméens furent les premiers à profiter de l’état de prostration où ils voyaient la Judée : soutenus par l’Égypte, comme au temps de Roboam, ils lui firent une guerre de revanche, pénétrèrent jusqu’à Jérusalem, toujours ouverte, répandirent des flots de sang et emmenèrent de nombreux captifs de l’un et l’autre sexe, qu’ils échangèrent ensuite pour du vin et des courtisanes. Les détails manquent sur cette invasion ; il semble toutefois qu’une partie du territoire judéen fut annexée à Édom et à l’Égypte. Les peuples voisins, même les Israélites, virent avec joie l’affaiblissement de Juda, si même ils n’y contribuèrent point. Ceux-ci, avec leur roi Jéroboam II, ne se souvinrent que de l’inimitié passée et faillirent aux devoirs de la parenté en laissant le peuple frère sans secours. Les Philistins furent deux fois cruels : ils livrèrent aux Iduméens les fugitifs qui s’étaient sauvés dans leurs villes et revendirent aux Ioniens, alors rivaux des Phéniciens dans le commerce des esclaves, les jeunes prisonniers troqués par les soldats. Les Tyriens montrèrent la même inhumanité, le même oubli de l’ancienne amitié. De cette époque date la première dispersion des Judéens dans les contrées lointaines où les Ioniens les vendirent comme esclaves. Peut-être ces bannis ont-ils importé en Occident les principes d’une philosophie plus pure et d’un état social plus parfait ; car parmi eux se trouvaient aussi des jeunes gens et des jeunes filles de grande maison, que leur entourage, leur connaissance des traditions nationales avaient familiarisés avec une morale plus haute, dont ils apprécièrent le bienfait à l’étranger mieux qu’ils ne l’avaient pu dans leur patrie.

Dix à douze ans se passèrent ainsi, pendant lesquels le royaume, en proie aux déchirements intérieurs et aux attaques du dehors, en arriva à ce point de faiblesse qu’il était devenu l’objet du mépris des peuples. De là ce nom de maison croulante de David que lui donne un prophète de l’époque, en s’écriant :