Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/199

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fils de Pétuel. La plupart de ces hommes sortirent de l’obscurité et y rentrèrent, sans laisser trace de leur personnalité ; rien d’eux ne survécut en dehors de leur action et de leur œuvre. Joël apparut au moment où les esprits, abattus par les calamités qui se succédaient, les invasions, le tremblement de terre, la sécheresse et les sauterelles, étaient tombés dans un accablement voisin de la stupeur. La population de Jérusalem et du pays s’épuisait en jeûnes et en lamentations, déchirait ses vêtements en signe de deuil, et, rassemblée autour du temple, pleurait et priait pour fléchir la colère divine. Les prêtres partageaient le découragement général. Joël avait donc une autre mission qu’Amos ; il n’avait point à réprimander et à tonner, mais à relever les esprits et à raffermir les courages. Son rôle n’était point d’insister sur les iniquités du peuple, mais de soulever seulement un coin du voile, de se contenter d’allusions à l’ivresse qui ne trouvait plus de vin pour se satisfaire, et à une pénitence extérieure qui se manifestait par des vêtements déchirés sans laisser le repentir pénétrer dans le cœur. Il devait appliquer toute la force de sa parole à éveiller chez le peuple cette conviction, que la grâce divine ne s’était pas retirée de lui et que Sion restait la montagne sainte, que Dieu ne livrerait pas son peuple à l’ignominie, qu’il était plein de miséricorde et de longanimité, qu’enfin ce n’était pas uniquement par les sacrifices et les jeûnes qu’on pouvait l’apaiser et détourner le malheur.

Le troisième prophète du temps de Jéroboam II et d’Osias, Osée, fils de Béèri, s’exprima d’une façon plus catégorique encore contre les dix tribus et en faveur de la maison de Jacob. On ne sait rien non plus de sa vie ai de ses actes et l’on ignore même dans lequel des deux royaumes il a parlé ; toutefois, on présume que ce fut à Béthel ou à Samarie. Tandis qu’Amos prenait le vice pour unique objet de ses censures, Osée tonna contre l’apostasie d’Israël, retombé dans le culte de Baal. Il n’a ni l’abondance, ni la symétrie, ni la délicatesse de rythme de ses deux contemporains ; son éloquence se rapproche davantage de la prose, est moins concise, plus fluide, et aussi plus artificielle ; la trame s’emmêle de noms allégoriques, selon l’usage de l’école d’où il paraît être sorti. Osée aimait à développer une comparaison en deux