Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/204

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peuple; le souvenir de la barbarie avec laquelle il s’était mis en possession du pouvoir était encore vivace dans les esprits, et les amis du prince assassiné prenaient soin d’entretenir cette haine. Lorsque Phul eut mis le pied sur le territoire d’Israël, les ennemis de Menahem se rendirent, parait-il, auprès de lui, pour l’exciter à détrôner un roi qui s’était imposé au peuple. Mais Menahem les prévint : lui aussi, il alla trouver le conquérant assyrien et lui promit une somme considérable, s’il voulait le confirmer dans la royauté. Phul accepta, prit l’argent offert et sortit du royaume, en emmenant butin et prisonniers. Ce ne fut pas le trésor royal qui fournit la rançon ; Menahem l’extorqua aux riches : chacun d’eux dut y contribuer pour la somme, alors importante, de cinquante sicles (157 fr. 50).

C’était le commencement de la fin, et la prophétie était en partie accomplie, par laquelle Amos, un demi-siècle auparavant, avait annoncé qu’un peuple éloigné emmènerait les Israélites dans un pays éloigné, situé bien au delà de Damas. Les premiers captifs israélites furent transplantés dans la région du Tigre ou dans quelque autre province du vaste empire assyrien. A l’extérieur cependant le royaume des dix tribus semblait intact. Il comptait encore soixante mille riches, qui avaient pu fournir l’énorme rançon offerte à l’envahisseur ; il restait à Menahem de la cavalerie, des armes de guerre et des places fortes, sur lesquelles il croyait pouvoir compter. Mais il ne s’apercevait pas que l’heure avait sonné de la décrépitude, ainsi qu’un prophète avait si justement caractérisé l’état de désordre où se traînait alors le royaume. Les discordes intérieures relâchaient peu à peu les liens de l’État. Menahem mort, son fils Phacéia (Pékachia) lui succéda (757), mais put à peine se maintenir deux années : il fut tué dans son propre palais, à Samarie, par son compagnon d’armes Phacée (Pekach), fils de Remalia, qui avait tramé un complot et qui s’empara de la couronne (756). On ignore les détails de ce régicide, le septième depuis la formation du royaume des dix tribus. On croit que Phacée dut se défaire encore de deux rivaux avant de monter sur le trône de Samarie. Trois rois auraient ainsi été assassinés en un mois.

Le fils de Remalia, l’avant-dernier roi d’Israël (755-736), fut un