Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/224

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eue, que Juda ne périrait point. Certes l’invasion de Sennachérib lui causerait des calamités ; mais ces malheurs seraient salutaires pour l’amélioration, sinon de tout le peuple, du moins d’une partie du peuple.

Isaïe ne fut pas le seul prophète qui, dans cette période de misère et d’une ruine imminente, non seulement tint haut le drapeau de l’espérance, mais encore promit à Israël un avenir de bonheur, auquel tous les peuples de la terre prendront part. Michée parla dans le même sens, bien qu’avec moins d’art et d’une façon moins saisissante. Avec plus d’assurance encore qu’Isaïe, au milieu du fracas de la guerre, il prédit l’avènement de la paix éternelle entre toutes les nations et s’efforça ainsi de relever les courages défaillants.

Mais combien la réalité présente ne contrastait-elle pas avec les vastes promesses de ces deux hommes ! Le roi Ézéchias, au spectacle de la détresse où l’invasion avait placé Jérusalem, perdit courage, envoya des messagers à Sennachérib au camp de Lachis, pour lui manifester son repentir et faire sa soumission. Le roi d’Assyrie commença par exiger un énorme tribut, qu’Ézéchias ne put parer qu’en détachant l’or qui ornait le temple. Quand Sennachérib eut reçu cette somme, il demanda plus encore, voulut que le roi de Juda se rendit à merci et, pour appuyer cette sommation, fit avancer une partie de ses forces sur Jérusalem. Ces troupes établirent leur camp au nord-ouest de la ville, sur le chemin qui est à proximité du lac supérieur, prirent sur-le-champ leurs dispositions pour le siège et requirent Ézéchias de venir traiter avec elles. Rabsacès (Rabschaké), dignitaire assyrien, porta la parole au nom de Sennachérib et le fit avec le même orgueil que si Jérusalem eût été aussi facile à prendre qu’un nid d’oiseau. Debout sur les murailles extérieures, les guerriers de Juda attendaient anxieux l’issue de la conférence. Rabsacès, pour leur ôter le courage, leur lança un insolent défi en langue hébraïque, de manière à être compris. Les officiers d’Ézéchias l’ayant prié de s’exprimer plutôt en araméen, il répondit qu’il employait à dessein l’hébreu, qu’entendaient les soldats rassemblés sur les remparts, afin que ceux-ci ne fussent pas plus longtemps abusés par leur roi. Ne vous laissez pas endormir par Ézéchias, leur