Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/242

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de la partie fidèle de la nation, l’importance des actes de Josias contre l’idolâtrie, que le parti des prophètes en fit le point de départ d’une ère nouvelle. Le culte hideux qui, depuis soixante-dix ans, pervertissait les mœurs, s’était tout d’un coup évanoui, grâce à l’énergique intervention du roi. L’histoire rend ce témoignage au fils d’Amon, qu’aucun de ses prédécesseurs n’apporta plus de sincérité dans son retour à Dieu, ni autant de zèle dans l’exécution de la loi de Moïse. Il reprit, ce semble, également en politique une attitude virile et eut le courage de montrer de l’indépendance vis-à-vis de l’Égypte.

Jérémie, dès son entrée sur la scène prophétique, avait prédit une époque de ruine et de dévastation universelles, après laquelle viendrait une ère de reconstruction. Le changement annoncé commença dans les dernières années du règne de Josias. Le vaste empire d’Assyrie, qui avait subjugué tant de peuples, allait périr à son tour pour faire place à des États nouveaux : déjà la Médie et la Babylonie, ses plus proches vassales, s’étaient rendues indépendantes. Sa croissante faiblesse tenta également l’Égypte, dont le roi Nécho (Nékos, Nékaù), fils de Psammétique, nourrissait la pensée de restaurer l’ancienne puissance de son pays. On vit s’élever ainsi, au même moment, plusieurs monarques ambitieux, qui se mirent résolument en devoir de succéder à la suprématie assyrienne. Nécho, en particulier, visait à s’emparer de la région du Liban jusqu’à l’Euphrate. Il avait dans ce but équipé une nombreuse armée et, après avoir pris d’assaut la ville de Gaza, montait le long de la mer, pour gagner la plaine de Jezréel et de là le Jourdain, lorsque Josias, se jetant à sa rencontre à la tête de ses troupes, voulut lui barrer le passage à Magheddo (Meghiddo). Le roi d’Égypte assurait qu’il n’en avait point à Juda, mais à des contrées situées plus loin ; le fils d’Amon n’en persista pas moins à en appeler au sort des armes ; celui-ci tourna contre lui : son armée fut battue et lui-même blessé mortellement. Ses officiers n’eurent que le temps de le rapporter à Jérusalem où, à peine arrivé, il expira. La douleur fut grande, dans la capitale, à la vue de son corps inanimé ; quand on le descendit dans la sépulture, alors nouvellement bâtie, des rois de Juda, hommes et femmes éclatèrent en pleurs et s’écrièrent: Ô