Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/241

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Cédron et les cendres répandues sur les tombes. L’emplacement des sacrifices d’enfants dans la vallée de Hinnom fut souillé par ordre de Josias (on y jeta des ossements humains et des immondices) ; enfin on supprima tous les hauts lieux dans les campagnes. Cette purification s’étendit jusqu’à Béthel, où était le sanctuaire des Chuthéens et du reste des Israélites, ainsi qu’aux villes de l’ancien royaume de Samarie : les prêtres des idoles et des hauts lieux furent déposés, ceux de race lévite astreints à demeurer dans Jérusalem, pour y être surveillés (on leur interdit la sacrificature, tout en leur donnant leur part des offrandes). Les prêtres d’origine étrangère furent probablement chassés du pays. Quant à ceux de Béthel, Israélites, qui avaient continué le culte du taureau établi par Jéroboam et par conséquent égaré leur peuple, Josias, par une sanglante exception, les fit mettre à mort sur leurs propres autels, qui subirent ensuite le même outrage que celui de la vallée de Hinnom. De Béthel était sortie la méconnaissance de la primitive notion de Dieu ; c’est à Béthel que, pour ce motif, le roi fit un exemple de terreur. Ainsi qu’il arrive si souvent, les peu coupables petits-fils expièrent le crime de leurs ancêtres. Telle fut la fin du culte du taureau. Le roi présida lui-même à la profanation des sanctuaires de Béthel. Toutes les autres idolâtries successivement importées sur le sol d’Israël et qui s’y étaient propagées, il les fit pareillement disparaître, exactement comme le prescrivait la loi du Deutéronome.

Au printemps de la même année (621), Josias convoqua tout le peuple à venir faire la Pâque à Jérusalem[3], et celui-ci obéit. N’avait-il pas juré de se conduire désormais selon la loi ? Des psaumes récités par les Lévites avec accompagnement de chant et de harpes rehaussèrent la solennité de cette fête, pour la première fois célébrée en commun par une foule nombreuse et empressée. On possède encore un des cantiques chantés en cette occasion. Le chœur des chantres y invite les fils d’Aaron à glorifier le Dieu d’Israël ; il rappelle ensuite la servitude et la délivrance d’Égypte, la révélation du Sinaï, exhorte le peuple à abjurer pour toujours les dieux étrangers, et, après une allusion à l’exil d’une partie du peuple, se termine par la promesse de jours heureux, qui récompenseront l’observation de la loi sinaïque. Telle fut, aux yeux