Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/265

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la Basse Terre (Schépélah), le long de la mer. Aussi ces anciens voisins de Juda devinrent-ils l’objet d’une haine implacable de la part des exilés, qui n’oubliaient pas leur conduite envers Jérusalem détruite et ses habitants fugitifs. Deux prophètes qui s’étaient soustraits à la mort et vivaient parmi les émigrés, Obadia et un anonyme, exprimèrent avec force ces douloureux sentiments ; tous deux prédirent à Édom la punition de ses crimes envers un peuple frère.

Bien que les Judéens ne rencontrassent partout qu’inhumanité et que leur pays fût en partie aux mains de leurs ennemis, ceux qui vivaient en Égypte se berçaient encore d’espérances et, encouragés par des faits de guerre, se voyaient prochainement rentrer dans leur patrie. Le vieux prophète Jérémie voulut les arracher à cette illusion. Pour d’autres raisons, du reste, il avait à cœur de leur adresser des réprimandes. Sourds aux avertissements du malheur, ils étaient retombés dans le culte de Néith, la prétendue reine du ciel, sans cesser d’ailleurs d’invoquer Jéhovah et de jurer par son nom. Une dernière fois, avant de descendre dans la tombe, il voulut les avertir qu’à ce point incorrigibles, ils ne reverraient jamais leur pays. Il convoqua donc les Judéens établis à Taphnaï, à Migdol, à Memphis et à Saïs (?), à une grande réunion qui eut lieu dans la première de ces villes, et leur exposa sans détour toute l’inconséquence de leur conduite. Mais telles étaient les racines que l’idolâtrie avait jetées dans leurs cœurs que, loin de s’amender, ils se firent honneur de leur aberration et déclarèrent net qu’ils n’y renonceraient pas. Les femmes surtout se montrèrent impudentes. Notre bouche, dirent-elles, a fait vœu d’offrir le parfum de l’encens et des sacrifices de vin à la reine des cieux ; nous remplirons cette promesse, comme nous fîmes jadis avec nos pères dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem. Nous avions du pain alors en abondance ; nous étions heureux et ne connaissions pas le malheur ; mais, depuis que nous avons cessé de sacrifier à Néith, nous avons manqué de tout et nous avons péri par le glaive et par la famine. Au reste, ajoutèrent-elles, sommes-nous donc seules à glorifier la reine des cieux et nos maris ne l’adorent-ils pas avec nous ? Jérémie répondit à leur insolence par la déclaration suivante :