Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/266

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C’est bien, remplissez vos vœux : tous les Judéens périront dans le pays d’Égypte ; quelques-uns seulement échapperont à l’épée et reviendront dans le pays de Juda : ceux-là verront laquelle, de ma parole ou de la vôtre, subsistera. Comme preuve de ce qu’il venait de dire, il leur annonça que le roi Hofra, sur lequel ils faisaient si grand fond, tomberait entre les mains de ses ennemis, comme Sédécias était tombé entre celles de Nabuchodonosor.

Cette prédiction s’accomplit. Hofra, entré en campagne contre Cyrène, essuya une défaite, et la caste militaire, qu’irritait sa préférence pour les Cariens et les Ioniens, se souleva contre lui ; un Égyptien de basse condition, Amasis (Amosis), se mit à la tête des révoltés, le battit, et, après l’avoir détrôné, le fit étrangler (571-70). Ce nouveau Pharaon n’eut de sollicitude que pour les Égyptiens et les Grecs, et n’avait aucun intérêt à se concilier les Judéens. Ceux-ci, délaissés, durent donc abandonner l’espoir de rentrer dans leur pays avec le secours de l’Égypte. II semble que Jérémie fut encore témoin de cette révolution. Son âme tendre dut s’attrister encore davantage, en ses vieux jours, d’avoir si peu réussi à ennoblir des cœurs vulgaires, car ses compatriotes persévérèrent jusqu’au bout dans leur folie et leur endurcissement. Mais les efforts du prophète n’avaient pas été infructueux. Les semences qu’il avait répandues germèrent dans un autre sol et, sous les soins d’autres hommes de Dieu, épanouirent une floraison magnifique. Sa mission, qui n’était pas seulement de détruire, mais aussi de réédifier et de replanter, porta ses fruits sous un autre ciel. Baruch, fils de Nériya, son disciple, avait recueilli ses prophéties : après sa mort il se rendit auprès des exilés de Babylone et les leur fit connaître. L’impression qu’elles produisirent fut des plus fécondes.