Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas que les péchés eussent leur suite inéluctable, la mort du pécheur ? Nos fautes et nos péchés sont sur nous, gémissaient-ils, et à cause d’eux il faut que nous pourrissions ; comment pourrions-nous vivre ? Ces sombres pensées furent également combattues par Ézéchiel. Il ébranla l’ancienne croyance, profondément enracinée dans les esprits, qui faisait du châtiment la suite indissoluble du péché, de la mort ou du malheur du coupable la conséquence forcée du crime. Il établit, sinon le premier, du moins avec le plus de force, la consolante doctrine du repentir, en proclamant que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, et le laisse en vie, s’il renonce à sa mauvaise conduite. Ézéchiel parla souvent, et sous des formes diverses, de la délivrance et de la prospérité qu’il entrevoyait dans l’avenir, et en fit une peinture idéale.

Telle était, à ses yeux, la certitude du rétablissement de la patrie, qu’il traça un plan de reconstruction du temple, ainsi qu’une nouvelle règle pour le service du culte et pour les prêtres. Assurément il était loin de croire que cet avenir de lumière fût prochain : les sentiments, les idées, les actes des Judéens, qu’il observait journellement, n’autorisaient guère une espérance si hardie ; cependant c’est sous son influence et sous celle des autres hommes de Dieu que se firent les premiers pas dans la voie de la rédemption. Peu après la mort d’Ézéchiel et de Jérémie, se produisit d’une manière tout inattendue un commencement de retour au bien. L’exil, avec ses conséquences, pénibles en dépit de la bienveillance de Nabuchodonosor et de son fils, contribua sans doute au changement des esprits, mais ce fut surtout l’action des écrits prophétiques. Au milieu de l’idolâtrie qui avait souillé les royaumes d’Éphraïm et de Juda s’était épanouie une moralité plus pure : L’esprit de Dieu avait séjourné dans l’impureté du peuple. Les hautes pensées que les prophètes et les poètes avaient évoquées dans le cours des siècles ne s’étaient pas exhalées dans les airs avec la parole et le chant, mais avaient pris racine dans quelques cœurs et s’étaient conservées par l’écriture. Les prêtres de cette famille de Sadoc, qui avait su se préserver de l’idolâtrie, avaient emporté dans l’exil la Thora, le Pentateuque ; les disciples des prophètes avaient apporté les Discours prophétiques ; les Lévites, les Psaumes ; les sages le trésor des Proverbes ;