Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/30

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De nombreuses familles de pâtres, leurs congénères de race et de langue, qui avaient vécu au milieu d’eux, se joignirent à eux dans cette émigration. Tous se groupèrent autour de Moïse et obéirent à la parole de ce prophète, qui pourtant était éloigné de tout esprit de domination et qui proclama, le premier, l’égalité complète de tous les hommes. La tâche qui s’imposait à lui dans cet exode était plus ardue encore que ne l’avait été sa mission en Égypte auprès du roi et du peuple israélite. Ces milliers d’esclaves nouvellement affranchis, dont bien peu étaient à la hauteur du noble rôle qui leur était réservé ; ces hommes qui, arrachés à la verge de leurs tyrans, suivaient aujourd’hui passivement leur chef et l’abandonneraient demain à la première épreuve, Moïse avait à les conduire à travers le désert dans la Terre promise, à pourvoir à leurs besoins, à faire leur éducation ! De cette horde il devait faire un peuple, lui conquérir un sol, lui donner une constitution et introduire la dignité dans sa vie. En présence d’un tel problème, il ne pouvait compter avec certitude que sur le concours de la tribu de Lévi, dont les idées sympathisaient avec les siennes. Ce furent les Lévites, en effet, qui le secondèrent dans sa tâche difficile d’éducateur.

Tandis que les Égyptiens ensevelissaient leurs morts, qu’avait frappés une peste soudaine, les Israélites quittèrent l’Égypte après un séjour de plusieurs siècles, quatre générations après les premiers immigrants. Ils s’avancèrent dans le désert qui sépare l’Égypte du Canaan, par la même route qui avait conduit leur dernier patriarche au pays du Nil. Ils devaient s’acheminer d’abord vers la montagne de Sinaï, pour y recevoir une nouvelle doctrine et des lois dont l’exécution avait été le but même de leur affranchissement. — Cependant Pharaon regrettait d’avoir, dans un moment de faiblesse, consenti à leur départ. Il résolut de ressaisir les esclaves qu’il avait laissés échapper. Jugeant l’occasion favorable, il se met à leur poursuite. En voyant de loin les Égyptiens qui accourent sur eux, les Israélites se livrent au désespoir. Toute issue, en effet, leur est fermée. Devant eux la mer, derrière eux l’ennemi, qui, dans un moment, va les atteindre et ne manquera pas de les replonger dans le plus dur esclavage. Plusieurs se plaignent et murmurent : N’y a-t-il pas de sépulcres en Égypte,