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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/34

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condamnée sur le Sinaï : Tu ne convoiteras pas la femme ni la propriété d’autrui.

Que valait l’histoire des Indiens, des Égyptiens et autres peuples, avec leur sagesse, leurs orgueilleuses bâtisses, leurs pyramides et leurs colosses ; que valait cette histoire, vieille alors de plus de deux mille ans, auprès de cette heure solennelle du Sinaï ? Cette heure a statué pour l’éternité. Elle a posé la première pierre de la moralité, de la dignité humaine. Elle a marqué l’avènement d’un peuple unique et sans pareil au monde. Ces simples et profondes vérités : un Dieu immatériel et sans représentation possible, un Dieu libérateur, ami des opprimés et des esclaves, ennemi de l’esclavage ; les devoirs de la piété filiale, de la chasteté, du respect de la vie humaine et de la propriété, de la sincérité de l’homme envers l’homme, de la pureté du for intérieur, c’est sur le Sinaï qu’elles retentirent pour la première fois et pour tous les temps.

Les Israélites étaient arrivés au Sinaï en timides esclaves, ils le quittèrent transformés en saint peuple de Dieu, en peuple de prêtres, en peuple de droiture (Yeschouron). Par l’application du Décalogue, ils devaient devenir les instituteurs du genre humain et une source de bénédictions pour lui. Les peuples du monde ne se doutaient guère que, dans un coin de ce monde, une chétive peuplade avait assumer la lourde tâche de les instruire.

Mais il ne fallait pas que les saintes doctrines du Sinaï s’évanouissent avec les vibrations de l’air qui les avait portées aux oreilles du peuple. Pour se conserver à jamais dans la mémoire des hommes, elles devaient être gravées sur la pierre. Les dix paroles furent donc inscrites sur deux tables ou plateaux de pierre et sur chacune de leurs faces. Ces deux tables se sont longtemps conservées. On les appelait les Tables de l’avertissement ou du statut. Elles furent déposées plus tard dans une sorte de caisse, dite Arche d’alliance, placée au centre de la tente où se réunissaient les Anciens des familles toutes les fois que Moïse les convoquait. Cette arche était le signe visible de l’alliance que Dieu avait conclue avec le peuple au Sinaï, et en vertu de laquelle ce peuple devenait le sien et ne reconnaîtrait jamais d’autre dieu que le céleste Auteur de cette doctrine.