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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/35

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Ces grandes vérités religieuses et morales, éléments principaux d’une moralité nouvelle, et base en même temps de la nationalité israélite, furent traduites en lois précises qui leur donnèrent toute leur valeur, et qui devaient régir soit la vie individuelle, soit la vie collective. Cette parole que Dieu a délivré les Israélites de l’Égypte, eut pour corollaire la doctrine de l’égalité de tous dans la société. Il ne devait y avoir parmi eux ni maître ni esclave. Nul ne pouvait se vendre ni être vendu comme esclave à perpétuité. Si quelqu’un avait encouru la perte de sa liberté, il ne pouvait servir que six années, la septième il redevenait libre. L’enfant dénaturé, le meurtrier volontaire, étaient punis de mort, et le sanctuaire même ne pouvait leur servir d’asile. Le meurtre même d’un esclave non israélite devait être vengé ; si son maître le maltraitait, il recouvrait sa liberté ipso facto. Pour sauvegarder l’honneur de la jeune fille, le séducteur était tenu d’épouser sa victime ou de payer au père des dommages intérêts.

La loi insiste particulièrement sur les égards dus à la veuve et à l’orphelin, qu’elle ne permet pas de molester. Elle couvre de sa protection l’étranger même qui désire vivre au sein d’une tribu. Les Israélites doivent toujours se souvenir qu’ils furent étrangers en Égypte, et n’être point durs à l’étranger comme on le fut pour eux-mêmes. — Le recueil de ces lois et autres semblables, toutes pénétrées de justice et de charité, pauvres en prescriptions cérémonielles, forma le Code antique, la Thora.

Or, la mission dévolue aux Israélites par la révélation du Sinaï était trop haute, trop idéale, elle contrastait trop avec leurs habitudes et leurs idées antérieures pour pouvoir entrer immédiatement dans leur intelligence. Les habitués du culte d’Apis ne pouvaient guère mettre leur confiance en un pur esprit. En tout cas, ils voyaient dans Moïse une divinité faite homme, de même que les Égyptiens avaient coutume de révérer leurs rois et leurs prêtres comme des dieux visibles. La religion spirituelle proclamée sur le Sinaï ne cherchait pas dans les sacrifices la manifestation du culte que l’homme doit à Dieu, elle tendait surtout à développer une vie morale et sainte. Mais ce but dépassait le niveau intellectuel du peuple ; pour l’y conduire, il fallait d’abord faire son éducation. Les peuples de l’antiquité ne connaissant d’autre moyen que les