Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en quelque sorte, à l’accomplissement de la sainte mission imposée au peuple. La terre étrangère était, en comparaison, une terre profane, où la fidélité au Dieu unique et spirituel et l’accomplissement de sa doctrine étaient choses impossibles. On prêtait à la Terre sainte une sorte de sensibilité, qui la rendait impressionnable à la conduite religieuse ou impie du peuple. Trois crimes notamment, — le meurtre, l’inceste et l’idolâtrie, — lui étaient intolérables ; c’est pour de pareils méfaits que le pays avait rejeté, avait vomi ses premiers habitants, et qu’il rejetterait, le cas échéant, le peuple israélite. C’était, aux yeux de ses nouveaux habitants, un sol d’une nature particulière et qui ne se pouvait comparer à aucun autre.

De fait, le pays d’Israël, — comme on l’a nommé depuis cette époque, — offre des particularités étonnantes et comme on n’en voit dans nul autre pays au monde. Sur un espace exigu d’environ trente milles géographiques de longueur sur environ douze de largeur (en y comprenant la région au delà du Jourdain), sont entassés des contrastes qui lui donnent un caractère merveilleux. Les pics éternellement neigeux du Liban et de l’Hermon, au nord, dominent une succession de sommets et de vallées jusqu’aux sables du midi, où toute végétation est brûlée par l’ardeur du soleil africain. Là croissent et prospèrent cite à côte des espaces partout ailleurs antipathiques : le svelte palmier, qui n’aime que les hautes températures, et le chêne, qui ne peut les souffrir. Si la chaleur du midi fait bouillir le sang et porte l’homme aux passions violentes, le vent qui souffle des glaciers du nord vient le rafraîchir, le disposer au calme et à la réflexion. Le pays est baigné par une double bordure d’eau : ici la Méditerranée, qui ouvre, le long de sa côte, des ports aux vaisseaux ; là un long fleuve, le Jourdain, qui, sorti de la hauteur de l’Hermon, court presque en ligne droite du nord au sud et a ses deux points extrêmes nettement marqués par deux grands lacs intérieurs. Au nord, il coule à travers le lac de la Harpe (Kinnéreth) ou de Tibériade ; au sud, il perd ses eaux dans le miraculeux lac du Sel. Ces deux lacs, eux aussi, forment un contraste. Celui de la Harpe est un lac d’eau douce, où frétillent des poissons d’espaces variées, aux bords duquel croissent à foison le palmier, le figuier, la vigne