Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/48

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et autres arbres fruitiers. Par suite de la chaude température, les fruits mûrissent dans son voisinage un mois plus tôt que sur les hauteurs. Le lac du Sel (Arabah) a une influence toute contraire et s’appelle à juste titre mer Morte, car nul animal vertébré ne peut vivre dans ses eaux. Le sel qu’il renferme en abondance, mêlé à la magnésie et aux masses d’asphalte, est mortel à tout ce qui respire. L’air même y est imprégné de sel, et tout le sol environnant, rempli de salines, n’est qu’un affreux désert. L’ovale de montagnes qui entoure la mer Morte, et dont les parois s’élèvent, par places, de plus de 1.300 pieds au-dessus, du niveau de l’eau, est aride, sans végétation, et imprime à toute cette région un aspect sinistre. Sur ces mêmes bords, néanmoins, entre l’eau du lac et les flancs des montagnes, se trouvent des oasis qui ne le cèdent pas en fertilité aux plus délicieux coins de terre, et où se développent les précieuses plantes balsamiques. Telle est l’oasis d’Engadi, vers le milieu du bord occidental. Telle, et peut-être plus favorisée encore, l’oasis qu’on voit à l’angle sud-est de la mer Morte, où était la ville de Soar, célèbre par ses bois de palmiers, qui lui avaient valu le nom de Thamara. Là aussi fleurissait autrefois le baumier. À une lieue et demie au nord-est de la mer Morte, près de la ville de Béthaman, se récoltait le célèbre baume de Galaad. Et au bord de cette même mer, sur un espace de plusieurs lieues, s’étendent des marais salants qui répandent au loin des exhalaisons dangereuses. Mais les deux lacs, celui du Sel et celui de la Harpe, ont cela de commun que l’un et l’autre possèdent sur leurs bords des sources thermales sulfureuses, efficaces pour la guérison de certaines maladies : Callirhoé à l’est de la mer Morte, Ammaüs, près du lac de Kinnéreth.

Le pays d’Israël est, avant tout, un pays de montagnes, et ses montagnes sont une grande bénédiction pour lui. Deux longues chaînes majestueuses, séparées par une vallée profonde, s’élèvent au nord comme deux fiers colosses à la tête chenue : le Liban, dont le plus haut sommet pénètre à plus de dix mille pieds dans la région des neiges, et Antiliban ou Hermon, dont le plus haut sommet atteint neuf mille trois cents pieds. Le Liban n’a jamais fait partie du pays d’Israël, il a toujours appartenu aux Phéniciens, aux Araméens et à leurs successeurs. Mais ses fameuses forêts de