Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/59

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vieillard, à la parole bienveillante, incapable d’adresser à personne, même à ses fils indignes, une réprimande sévère. Un tel personnage devait déjà, par la gravité de son caractère et la sainteté de sa vie, exercer une salutaire influence et gagner de chaudes sympathies à la doctrine dont il était le représentant. Et lorsque des membres désolés des tribus d’Éphraïm et de Benjamin venaient à Silo, de plus en plus nombreux, exhaler leurs plaintes les uns contre les Philistins, les autres contre les Ammonites, c’était pour Héli une occasion incessante de leur parler du secourable Dieu d’Israël et de les détourner énergiquement du culte des faux dieux. Par là, il éveillait dans leurs esprits des sentiments plus nobles ; plusieurs, parmi les anciens des tribus, furent ainsi amenés à quitter Baal pour revenir au Dieu des ancêtres, et le reste de la tribu suivait généralement cet exemple.

Héli ne paraît pas avoir été belliqueux, et tout indique, au contraire, que ce fut un juge pacifique. Les prêtres et les Lévites d’Israël n’étaient pas habitués à manier l’épée et la lance. Cela n’empêche pas Héli d’être compté parmi les juges et libérateurs d’Israël. Lorsque des troupes israélites venaient lui demander inspiration et conseil, il les encourageait, au nom du Dieu de leurs pères, à opposer une résistance énergique aux fréquentes incursions de l’ennemi : son rôle actif ne paraît pas avoir été au delà.

Peut-être en Israël, comme ailleurs, la période de la judicature ou des temps héroïques eût été suivie d’une période de gouvernement sacerdotal, si les descendants d’Héli eussent hérité de sa considération. Mais il n’en fut pas ainsi; ses deux fils, Hophni et Phinéas, ne marchèrent pas sur ses traces. Et lorsqu’un beau jour le peuple et lui-même furent frappés d’un grand malheur, on y vit une punition du ciel, irrité de la conduite des fils d’Héli et de la faiblesse d’un père trop indulgent. Voici le fait.

Les Philistins, toujours plus forts que les tribus de leur voisinage, faisaient de continuelles incursions dans le pays et le mettaient au pillage. Les Israélites des tribus le plus directement exposées avaient déjà acquis une certaine expérience militaire, si bien qu’au lieu d’opposer à l’ennemi des masses désordonnées, ils s’avançaient régulièrement en ordre de bataille. Mais les