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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/60

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Philistins, grâce à leurs chariots de fer, étaient supérieurs aux Israélites. Sur le conseil des Anciens, on alla chercher à Silo l’arche d’alliance, dont la présence seule, supposait-on, serait déjà un gage de victoire. La seconde rencontre n’en eut pas moins une issue malheureuse. La troupe israélite fut mise en déroute, l’arche d’alliance capturée par les Philistins, et les fils d’Héli, qui l’accompagnaient, perdirent la vie. Les Philistins se mirent à la poursuite des fuyards et semèrent la terreur dans tous les alentours. Tandis que le peuple de Silo et le grand prêtre attendaient impatiemment des nouvelles favorables, arrive un messager effaré, hors d’haleine, apportant ce terrible message : Les Israélites ont lâché pied devant les Philistins, tes deux fils sont morts, l’arche sainte est prisonnière de l’ennemi ! Cette dernière nouvelle épouvanta le vieillard plus encore que la mort de ses fils : il tomba raide mort de son siège, au seuil même du sanctuaire.

De fait, tout honneur était perdu en ce moment pour Israël. L’incursion passagère et le pillage ne suffisaient plus aux Philistins victorieux : ils s’avancèrent à travers le pays dans toute sa largeur, jusqu’à Silo, et avec la ville[5] ils détruisirent aussi le tabernacle, ce témoin qui rappelait encore l’heureux temps de Moïse. Longtemps après, un poète décrivait, d’un cœur encore oppressé, cette lamentable époque :

Le Seigneur a délaissé le temple de Silo,
La tente où il résidait parmi les hommes;
Il a livré sa gloire (l’arche d’alliance) à la captivité,
Son honneur aux mains de l’ennemi,
Jeté son peuple en proie au glaive.
Courroucé qu’il était contre son héritage.
Le feu a consumé ses adolescents,
Et ses jeunes filles n’ont pu prendre le deuil ;
Ses prêtres sont tombés sous le glaive,
Et ses veuves n’ont point pleuré...

La force et le courage du peuple furent complètement brisés par cette défaite. Les tribus qui jusqu’alors avaient formé comme l’avant-garde d’Israël étaient paralysées. C’est Éphraïm qui — à bon droit, il est vrai —avait le plus souffert. De plus, la perte du