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DEUXIÈME ÉPOQUE


L’APOGÉE


CHAPITRE III


LA ROYAUTÉ EN ISRAEL


Le roi demandé violemment par le peuple et octroyé à contrecœur par le prophète devait prouver, mieux encore que ne l’avaient fait toutes les objections de Samuel, que la royauté n’était pas propre à réaliser les espérances qu’on fondait sur elle. Elle changea à ce point, un homme simple et bon, étranger jusqu’alors à toute idée d’ambition et de tyrannie, qu’il ne recula pas devant la cruauté et la barbarie pour se maintenir au pouvoir. Des précautions dictées par l’inspiration prophétique avaient été prises pour que le nouveau roi ne ressemblât pas au portrait décourageant qu’en avait tracé Samuel, pour qu’il ne fût jamais porté par l’orgueil à se mettre au-dessus de la loi, pour qu’il se souvint constamment de son humble origine. Samuel n’alla pas le choisir dans la fière tribu d’Éphraïm, mais dans la moindre de toutes, dans celle de Benjamin. Sa famille était une des moindres de la tribu. Son père Kisch ne se distinguait non plus par aucun mérite extraordinaire ; c’était un honnête campagnard, et l’histoire ne fait de lui d’autre éloge sinon que c’était un brave homme. Pour Saül, il était timide et sauvage comme un vrai paysan. Ces circonstances et quelques autres semblaient donner toute garantie que le premier roi d’Israël ne serait entaché ni d’orgueil ni d’arrogante. On pouvait espérer qu’il obéirait au prophète qui l’avait élevé d’une condition infime à la plus haute dignité, qu’il le regarderait toujours comme l’organe de la Divinité et comme la voix de la conscience elle-même.