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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/71

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Or Samuel devait, conformément à sa promesse, faire connaître au peuple l’homme qu’il avait secrètement choisi comme le plus digne de la couronne. A cet effet, il convoqua les Anciens sur la hauteur de Mitspa. Selon toute apparence, ceux qui vinrent au rendez-vous étaient, pour la plupart, des Benjamites. Saül, avec les autres membres de la famille de Kisch, s’y était également rendu. Avant de procéder à l’élection, le prophète déclara de nouveau aux Israélites que leur désir d’être gouvernés par un roi était une défection à l’égard de Dieu, mais que néanmoins il avait reçu mission de les satisfaire. Il proposa de s’en rapporter à la voie du sort, et le sort désigna Saül. Mais on ne put le trouver tout d’abord, car il se tenait caché. Lorsque enfin on l’eut découvert et présenté à l’assistance, celle-ci fut frappée de son aspect. Saül était d’une haute stature, il dépassait de la tête tout le peuple ; il était d’ailleurs beau et bien fait, et son émotion ajoutait peut-être à l’impression favorable qu’il produisait sur tous. Voyez, dit Samuel, voilà l’homme que Dieu a choisi pour votre roi ; il n’a pas son pareil dans tout Israël ! La plus grande partie des assistants, subjugués par la solennité de la scène et par la prestance de Saül, s’écrièrent en chœur : Vive le roi ! Et le prophète oignit le nouvel élu de l’huile sainte, qui lui conférait un caractère inviolable. Les Anciens étaient transportés de joie de voir enfin accompli le plus ardent de leurs vœux, et ils s’en promettaient d’heureux jours. A cette occasion, raconte l’Écriture, Samuel exposa au peuple les diverses prérogatives de la royauté. Cette institution d’un roi marqua une heure solennelle dans la vie du peuple israélite, une heure décisive pour son avenir. Toutefois, à ce concert de joie et d’enthousiasme se mêla une note discordante. Quelques mécontents — probablement des Éphraïmites qui avaient espéré que le roi serait pris dans leur tribu — exprimèrent tout haut leur désappointement . Quel bien peut nous faire cet homme ? Et tandis que les autres Anciens, selon la coutume générale, apportaient des présents au nouveau roi comme hommage de fidélité ; qu’une partie d’entre eux, les plus vaillants, le suivaient à Gabaa pour seconder ses entreprises contre les ennemis d’Israël, les mécontents se tenaient à l’écart et refusaient de le reconnaître.