Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/86

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et renierait la droiture dont jusqu’alors il avait fait preuve.

Pour Achis, il croyait avoir en David un allié fidèle, résolu d’employer contre ses propres frères ses talents militaires et le courage de ses hommes, et qui, après une telle attitude, ne pourrait jamais se réconcilier avec son peuple.

Dans cette persuasion, que David avait eu l’habileté de faire naître, Achis crut pouvoir entreprendre contre les Israélites une guerre décisive. Saül, devenu hypocondriaque, et brouillé avec son gendre, avait perdu ses qualités guerrières. Le meilleur bras qui le défendait naguère, la tête la plus inventive qui pensait pour lui, c’est contre lui maintenant qu’ils s’étaient tournés. Les plus vaillants hommes et jeunes gens d’Israël s’étaient mis à la disposition de David. Achis rassembla donc toutes ses forces pour frapper un grand coup. Il conduisit son armée dans la plaine de Jezréel. En vertu de leurs conventions, il invita David à l’aider dans cette grande expédition contre Saül et à se joindre, avec ses hommes, à l’armée philistine. Quelque répugnance que pût éprouver David à obéir, il ne pouvait plus faire autrement : il s’était vendu aux ennemis de son peuple. Mais les princes philistins le tirèrent de cette fausse situation. lis réclamèrent bruyamment de leur roi le renvoi de David et de sa troupe, alléguant qu’on ne pouvait compter sur leur fidélité. Ce fut un bonheur pour David, qui échappa ainsi à la dure alternative, ou de trahir son peuple, ou de manquer de parole au roi.

Cependant les Philistins s’avancèrent par centaines, par milliers, et dressèrent leur camp près de la ville de Sunem. Saül, informé des projets et de la marche des ennemis, réunit toute son armée, la conduisit à marches forcées à leur rencontre, et campa d’abord au pied des montagnes de Gelboé. Puis, contournant le versant qu’il avait en face de lui, il s’avança vers le nord et campa au pied nord-ouest de la même chaîne, près d’Endor.

Toutefois, l’aspect de cette nombreuse armée des Philistins, et surtout de leur cavalerie, déconcerta Saül ; la pensée du sombre avenir qu’il s’était préparé lui-même acheva de le décourager. Il vit bien aussi que Dieu l’abandonnait, puisque, à ses consultations sur l’issue de la guerre, il ne répondait ni par la voix d’un prêtre, ni par celle d’un prophète. Dans sa perplexité, il se mit en quête