Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/85

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des mécontents, nécessiteux et aventuriers de toute sorte, amoureux de combats, particulièrement ses proches parents, Joab avec ses deux frères. Ce fut le noyau d’une troupe de combattants héroïques (ghibborim) à l’aide desquels David put monter par degrés jusqu’au trône. Un prophète de l’école de Samuel, nommé Gad, entra également dans son parti. Il existait un dernier représentant de la famille sacerdotale d’Héli : Saül le jeta lui-même, eu quelque sorte, dans les bras de son ennemi supposé. Irrité de voir les prêtres de Nob, tous descendants ou parents d’Héli, pactiser avec David, il les fit tous mettre à mort et anéantit toute cette ville sacerdotale. Un seul prêtre échappé au massacre, Abiathar, se réfugia auprès de David, qui le reçut à bras ouverts. — Ainsi la haine de Saül l’avait rendu féroce et sanguinaire. Tous les efforts de Jonathan pour réconcilier son père avec son ami furent impuissants, et n’aboutirent qu’à creuser l’abîme qui les séparait. Les torts étant du côté de Saül, une portion du peuple prit parti pour David, et si elle ne put l’appuyer ouvertement, elle l’assista du moins en secret. C’est par là seulement qu’il put échapper aux persécutions et aux pièges de son ennemi.

Il est fâcheux que David ait été contraint, par son existence précaire et par les difficultés de sa situation, à nouer des relations d’amitié avec les ennemis de son peuple, tels que le roi de Moab, celui des Ammonites et Achis, roi des Philistins. Par là, il s’exposait au soupçon de trahir sa patrie, et il justifiait en apparence la haine de Saül. Ses rapports avec Achis, chez qui il était revenu chercher asile après une première expulsion, étaient particulièrement de nature à le rendre suspect. De fait, Achis lui accorda sa protection et la résidence de la ville de Siklag, mais sous la condition qu’il romprait absolument avec Saül et sa patrie, qu’en cas de guerre il se joindrait, avec sa troupe, — forte déjà de six cents hommes, — à l’armée des Philistins pour combattre ses frères, et qu’enfin, même en temps de paix, il ferait des incursions sur les points mal surveillés du territoire de Juda, incursions dont les profits appartiendraient en partie à son suzerain. A la vérité, David se réservait sans doute d’éluder ces conditions, ou bien, le cas échéant, de se retourner avec ses compatriotes contre ses nouveaux alliés. Mais alors il s’engagerait dans des voies obliques