Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une manière si complète, qu’on assimila cette victoire à celle que Josué avait remportée près de Gabaon. Les Philistins, dans leur fuite précipitée, abandonnèrent leurs idoles, qui frirent livrées au feu par les Israélites. Mais les ennemis n’en poursuivirent pas moins leurs projets d’asservissement contre David et son peuple. Ils firent à plusieurs reprises des incursions dans le pays, une fois jusqu’à la vallée des Rephaïm, une autre fois à Éphesdamim, dans la vallée du Térébinthe. La troupe de David les battit, les poursuivit, et quelques-uns de ses héros, dans des combats singuliers, firent des prodiges de valeur.

Mais David ne se borna pas à se défendre, il songea aussi à prendre l’offensive. De fait, s’il voulait débarrasser son peuple de cette petite, mais puissante peuplade, pour qui s’agrandir et guerroyer était une condition d’existence, il fallait la réduire à l’impuissance, ou s’attendre sans cesse à de nouvelles guerres. Il marcha donc avec ses hommes sur Gath, alors la capitale des Philistins[8] et la ville la plus rapprochée du pays de Juda. La résistance, naturellement, fut des plus opiniâtres, et il s’ensuivit des mêlées sanglantes où les vaillants de David eurent occasion de se signaler. Les Philistins, paraît-il, proposaient volontiers des combats singuliers, que les derniers descendants de leurs géants (rephaïm) se chargeaient de soutenir. Mais les temps étaient changés. Si, à l’époque de la jeunesse de David, pas un guerrier de l’armée d’Israël n’osait répondre au défi de Goliath, il y en avait maintenant plus de trente qui brûlaient d’obtenir une semblable permission.

Enfin, les Israélites portèrent de si rudes coups aux Philistins, que ceux-ci furent contraints de leur abandonner Gath, leur capitale, avec ses villages et son territoire. Les rôles étaient renversés. Cette même ville, qui n’avait vu dans le fils de Jessé qu’un suppliant et un pauvre fou, devait maintenant se courber devant lui. Cet abaissement des Philistins était un fait de la plus haute importance : il assurait au peuple un repos durable et la liberté de ses mouvements, car aucun ennemi ne harcela les Israélites avec autant d’acharnement que les Philistins. Du reste, David ne poussa pas plus loin la conquête de ce pays, et il paraît même avoir rendu plus tard la ville de Gath à son roi. Il avait