Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/100

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Mais toutes ces atrocités, loin d’intimider le peuple, ne faisaient qu’exalter son courage. Pour beaucoup d’Israélites, la mort avait perdu son épouvante. Plutôt même que de manger des aliments impurs, beaucoup préféraient mourir. Ces sentiments héroïques étaient provoqués et entretenus par la société rigoriste des Hassidéens. Des retraites où ils se cachaient, certains de ces derniers s’échappaient soudain, surgissaient au milieu des villes et des villages, rassemblaient les habitants et, par le feu de leurs discours, enthousiasmaient les forts, stimulaient les faibles. Leur prédication était d’autant plus puissante, qu’ils prêchaient d’exemple en affrontant la mort.

Les commandants syriens de Jérusalem ne tardèrent pas à apprendre quels étaient les instigateurs de l’intrépide résistance du peuple ; les refuges des Hassidéens leur furent sans doute révélés par quelques misérables Hellénistes. Aussitôt le chef de la garnison, le Phrygien Philippe, se mit en campagne avec ses soldats. Un jour de sabbat, il fit cerner les cavernes où ils se tenaient cachés, hommes, femmes et enfants, un millier de personnes environ ; il les somma de sortir et d’obéir aux ordres d’Antiochus, leur promettant à ce prix la vie sauve. Non ! répondirent-ils tout d’une voix, nous n’obéirons pas à l’ordre de violer le sabbat ! Alors, sur le commandement de Philippe, on se dispose à l’attaque. Les Hassidéens, spectateurs impassibles, ne font aucun mouvement pour se défendre, ne remuent pas une pierre pour boucher l’entrée des cavernes, de peur d’enfreindre la loi du sabbat ; ils se bornent à attester le ciel et la terre qu’ils meurent innocents. Philippe et ses assassins lancent des brandons enflammés, et tous ces infortunés périssent dévorés par le feu ou asphyxiés par la fumée. Grande fut, la douleur des Judéens restés fidèles, quand ils apprirent la fin tragique de ces hommes, flambeaux et modèles de leur vie religieuse. Les plus hardis sentirent leur cœur défaillir. Comment finirait cette accablante épreuve ? Ce qui les atterrait surtout, c’était de ne voir paraître, en une si effroyable calamité, ni un prodige céleste qui leur rendit le courage et l’espérance, ni un prophète qui leur fit entrevoir le terme de cette sanguinaire oppression.