Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/101

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Or, au moment même où l’écrasement des Judéens avait atteint son dernier période, alors qu’il ne leur restait plus d’autre perspective que d’être tous anéantis ou de céder à une inéluctable fatalité, — en ce moment même brilla le salut. L’instrument du salut, ce fut une famille dont les membres avaient au cœur une piété profonde, prête à tous les sacrifices, et savaient allier la prudence à un indomptable courage : c’était la famille des Hasmonéens ou Maccabées. C’est un vieillard et ses cinq fils qui ont révolutionné, relevé et sauvé le judaïsme. Le vieux père, — Mattathias, fils de Johanan et petit-fils de Siméon Hasmonaï, — était un Aaronide domicilié à Jérusalem, mais qui, à la suite des profanations commises, s’était retiré dans la petite ville de Modin, à trois milles au nord de Jérusalem. Chacun de ses cinq fils, futurs vengeurs de la patrie, avait un surnom particulier et d’apparence aramaïque : c’étaient Johanan (Jean) Gadi, Siméon Tharsi, Juda Makkabi, Éléazar Chawran et Jonathan Chaphous (Apphus). Cette famille hasmonéenne, très considérée et très influente, voyait avec une âcre douleur la situation désespérée du pays. Nos sanctuaires souillés, la libre fille de Juda devenue une vile esclave... A quoi bon vivre encore ? Ainsi parlait aux siens le vieux Mattathias, et alors il résolut de ne plus se borner à gémir dans une retraite obscure et dans une stérile attente, mais de se montrer et d’agir, en vengeant la sainte cause ou en mourant pour elle. Un des surveillants syriens, nommé Apellès, était arrivé à Modin pour sommer les habitants d’abandonner leur croyance et de pratiquer l’idolâtrie ; Mattathias s’y trouva avec intention, accompagné de ses fils et de ses adhérents. L’officier l’ayant invité à donner, en raison de sa haute, situation, l’exemple de l’obéissance à la volonté royale : Non, répondit-il, quand tous les peuples du royaume consentiraient à trahir la foi de leurs pères, moi, mes fils et mes frères, nous resterons fidèles à l’antique alliance ! En ce moment, un Judéen s’approchait de l’autel pour sacrifier en l’honneur de Jupiter... A cet aspect, le vieillard ne se contient plus, il s’élance indigné sur l’apostat et l’étend mort au pied de l’autel. Ses fils, armés de grands couteaux, tombent sur Apellès et ses hommes, les mettent à mort et démolissent l’autel. — Ce fut le signal du revirement. Cette action invitait les Israélites, par un éclatant exemple, à