Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/110

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Bientôt en effet elle se montra, et les guerriers judéens s’apprêtèrent à la bien recevoir, mais il n’y eut point de combat. En voyant la fumée s’élever des tentes où ils avaient campé, ces Syriens et ceux qui les suivaient s’enfuirent précipitamment vers le sud, dans le pays des Philistins. Il y eut une grande délivrance en ce jour ! De fait, la victoire d’Emmaüs (166), fruit à la fois d’un stratagème habile et d’un courage persévérant, était un événement d’une importance décisive. Elle paralysa l’ennemi et donna confiance aux Judéens. Ni la cavalerie, ni les fantassins avec leurs casques et leurs cuirasses, ne pouvaient désormais leur faire peur. S’ils manquaient d’armes au début de la lutte, la fuite de l’ennemi leur en fournissait largement, sans compter l’or, l’argent, la pourpre, les bourses des marchands d’esclaves accourus au camp syrien, butin qui n’était point à dédaigner. Ces dépouilles leur donnèrent le moyen de vaincre encore dans les combats qu’il leur restait à soutenir.

La troupe victorieuse rentra à Modin, son lieu de ralliement, avec des actions de grâces et des cantiques de louange où revenait sans cesse ce refrain : Louez le Seigneur, car il est bon, car sa grâce est éternelle !

Mais ils ne purent de longtemps poser les armes. il était trop certain que Lysias, qui avait l’ordre formel d’exterminer les Judéens, n’accepterait pas tranquillement la défaite d’un de ses généraux, et qu’à tout prix il chercherait à prendre sa revanche. Ils restèrent donc armés, et ils eurent bientôt la joie de constater que leur nombre avait grossi jusqu’à dix mille. Si jamais il y eut une guerre sainte, celle que firent les Maccabées mérita incontestablement cette épithète. Lorsque, l’année suivante (automne de 165), Lysias lui-même, à la tête d’une armée nombreuse et choisie, gens de pied et de cheval, revint porter la guerre dans la Judée, il en trouva les défenseurs plus résolus et plus fermes que jamais. N’osant plus, cette fois, s’aventurer à pénétrer dans le pays par le littoral, il avait fait un détour, en prenant par le territoire qu’occupaient les Iduméens. Il assit son camp près de Bethsour, à cinq lieues sud environ de Jérusalem. Juda s’avança à sa rencontre avec ses dix mille soldats ; une bataille en règle s’engagea, et l’impétuosité judaïque triompha encore une fois de