Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/117

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fit avancer des balistes, destinées à lancer de grosses pierres contre les murs. Dans leur détresse, quelques Hellénistes cherchèrent à forcer le blocus afin de parvenir jusqu’à Eupator, de lui dépeindre leur situation pénible et d’implorer son assistance. Ils firent aussi remarquer au jeune roi — ou au régent — que si l’Acra devait tomber au pouvoir de la légion hasmonéenne, ces rebelles seraient décidément invincibles. Là-dessus, la cour syrienne tint conseil, et l’on résolut de combattre énergiquement cette rébellion par les armes. En vain Ptolémée Macron conseilla un arrangement amiable, sa voix ne fut pas écoutée. Ainsi se ralluma la guerre (printemps de 162). Le moment était peu favorable pour les Judéens : on était dans l’année de jachère, où les travaux des champs étaient interdits. Or ces hommes, qui avaient exposé leur vie pour la défense de leur doctrine, observaient la loi de l’an sabbatique avec un scrupule extrême et n’avaient semé ni récolté cette année-là. La population avait, pour toute ressource, les fruits des arbres et le peu que produisait spontanément la terre ou qu’elle avait produit antérieurement à cette époque. Les forts où résidaient des garnisons ne pouvaient être approvisionnés.

Lysias, en compagnie du jeune Eupator, marcha de nouveau sur la Judée à la tête d’une armée considérable et avec une troupe d’éléphants. Cette fois encore, c’est par le sud qu’il pénétra dans le pays. Maccabée ne pouvait mettre en mouvement que quelques milliers de combattants, ayant besoin d’une partie de ses hommes pour garder les forts, le temple et Bethsour, de sorte qu’il fallait se borner à la défensive. La forteresse de Bethsour devait retenir longtemps l’ennemi sous ses murs ; la garnison, d’ailleurs, combattait vaillamment et faisait de fréquentes sorties. Mais elle ne pouvait soutenir un long siège, parce qu’elle avait peu de vivres, et le secret des communications destinées à l’alimenter fut, dit-on, livré à l’ennemi par un traître du nom de Rhodocus. Contrainte par la famine, la garnison de Bethsour dut se rendre, à condition toutefois qu’on la laissât sortir librement. L’armée syrienne, débarrassée de cet obstacle, marcha sur Jérusalem. Maccabée ne pouvait plus éviter de lui tenir tête. Là encore, les Judéens firent des prodiges d’intrépidité. Un des frères hasmonéens, Éléazar Hawran,