Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce fléau de son peuple, fut sacrifié par Lysias : condamné comme perturbateur de la paix publique, il fut exécuté à Berœa (Alep), après avoir, dix ans durant, déshonoré la tiare par une série de crimes. Jason, moins coupable que Ménélaüs, mais qui avait contribué, lui aussi, aux malheurs du pays, était mort, antérieurement déjà, en terre étrangère. Persécuté par Antiochus Épiphane et repoussé par son hôte Arétas, prince nabatéen, il s’était réfugié en Égypte, n’y avait pas trouvé plus de sécurité, et, après avoir erré de ville en ville, avait enfin, dit-on, terminé à Sparte son existence agitée.

La conclusion de la paix ayant amené de meilleurs rapports entre la cour de Syrie et les Judéens, et donné toute facilité pour le rétablissement de l’ancien ordre de choses, il y avait lieu nécessairement d’instituer un grand prêtre. Qui était plus digne de cette sainte fonction et plus digne de gouverner que Juda Maccabée ? C’est à lui qu’Antiochus Eupator, ou son tuteur Lysias, paraît avoir conféré la dignité pontificale. Dans cette période de calme où l’on venait d’entrer, le guerrier pouvait déposer ses armes, le laboureur cultiver son champ, le savant méditer la loi divine et son interprétation ; les plaies saignantes de la patrie commençaient à se fermer. Nais ce calme n’était qu’une courte accalmie. Trop de fièvre agitait encore les esprits, après la lutte des factions et les guerres intestines, pour qu’on pût si aisément jeter un voile sur le passé. Il y avait encore des Hellénistes, — avouant ou dissimulant leurs principes, — qui ne pardonnaient pas à Juda et à ses amis, surtout aux Hassidéens, d’avoir vaincu leur ligue et paralysé leurs efforts, et qui nourrissaient contre eux une haine amère. Or, le prince Démétrius, qu’Antiochus Épiphane avait si adroitement supplanté dans la succession au trône, était toujours à Rome, où on le retenait comme otage. Mais lorsqu’un beau jour, jugeant l’occasion favorable, il quitta Rome et sut écarter à la fois le fils de l’usurpateur et le tuteur de ce prince, les choses changèrent de face, les troubles recommencèrent.

Les mécontents de Judée profitèrent de cette péripétie politique pour donner carrière à leurs plaintes et à leurs accusations contre les frères hasmonéens et leurs partisans. Cette fois encore