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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/123

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les fuyards syriens, les habitants des villes et des villages leur couraient sus, les maltraitaient, et pas un seul, assure-t-on, ne put atteindre Gazara, où se dirigeait leur course. Telle fut l’importance de cette bataille d’Adarsa (13 adar 160), que se date, à l’instar de celle de la dédicace du temple, fut consacrée à jamais comme un jour de fête et de réjouissances, et on la célébra longtemps sous le nom de Yom Nikanor, le Jour de Nicanor. — La tête et le bras du Syrien, séparés du tronc, furent attachés comme un trophée sur la muraille de Jérusalem.

Juda et son parti étaient donc de nouveau maîtres de cette ville, d’où Alcime s’était éloigné dès avant la bataille. Néanmoins, le Maccabéen ne se méprenait nullement sur la difficulté de la situation, et il s’attendait à voir Démétrius venger, plus vigoureusement que ne l’avaient fait ses prédécesseurs, la défaite de son armée. Il prit donc un parti d’une utilité contestable : il noua des rapports avec Rome, alors déjà toute-puissante. A cet effet, il choisit deux Judéens familiers avec la langue grecque, Eupolémus et Jason, et les envoya à Rome ou peut-être aux délégués romains qui parcouraient fréquemment l’Égypte, la Syrie et l’Asie Mineure. Mais ses mandataires étaient à peine arrivé à leur destination, que Juda fut de nouveau contraint de tirer l’épée.

Démétrius, à la nouvelle de l’échec de Nicanor, avait aussitôt dirigé sur la Judée une armée imposante, sous le commandement du féroce Bacchidès. Celui-ci s’avança à travers la Galilée et la plaine de Jezréel, tua tous les Judéens qu’il trouva sur son passage, et, dès le mois de nissan (mars-avril), arriva sous le murs de Jérusalem. Juda avait dû quitter la capitale, alors démantelée et où il n’aurait pu se défendre. Il adressa un appel aux hommes et aux jeunes gens, les pressant de venir combattre pour la patrie, la loi divine et la liberté ; mais trois mille guerriers seulement se groupèrent autour de lui. Avec cette poignée d’hommes, Juda se porta vers le sud et campa près d’Eleasa, le nord de la montagne ne lui offrant plus de sécurité. Bacchidès poursuivit la troupe judéenne avec vingt mille hommes d’infanterie et deux mille cavaliers. A la vue de ces formidables colonnes, le